La Bible pulvérisée par cinq scouts
Au Théâtre de la Bastille, la metteuse en scène Céline Champinot s’attaque à la fondation du monde en faisant exploser son texte originel, la Bible. Cinq scouts filles, délurées et délirantes, procèdent face public à un véritable Sabbat de sorcières dans une énergie hallucinante et libératrice. Saisissant.
Au commencement était la Bible
Mais d’où viennent-elles, ces gamines aux genoux cagneux et sanguinolents, qui surgissent devant nous avec des fourches ou autres instruments, les yeux brillants de colère et la lèvre écumante ? Du catéchisme ou d’un camp religieux, car leur tente, ou tipi, est encore dressé, surmonté de drapeaux et rempli de casseroles et de perceuses. Après « Vivipares, brève histoire de l’humanité » présenté en 2016, Céline Champinot et son équipe de comédiennes de choc, à la manière d’un commando, prennent le plateau en l’investissant d’un feu d’artifice de paroles, d’objets et de bruits divers. Du Novarina mâtiné d’agit-prop et des Monty Python. Arnachées comme des guerrières, outillées comme des héroïnes de science-fiction, nos gamines révoltées s’en prennent naturellement à Dieu le Père, coupable d’avoir fait de nous-mêmes, les humains, des colons assoiffés de terre et d’argent.
Entre Star Trek et Bob l’Eponge
La parole rapide, mitraillée à la vitesse de l’éclair mais avec un brio et une virtuosité spectaculaire, aborde tous les sujets, de la création du monde en sept jours à la destruction écologique, la catastrophe climatique ou les frontières de barbelés qui fleurissent de l’Europe à l’Asie pour stopper les flux de peuples indésirables. Du coup, cela va tellement vite, cela balaie tellement de sujets qu’on reste abasourdi, étourdi par tant de mots et d’agitation. C’est que les comédiennes nous ravissent, aussi, par la créativité, l’énergie qu’elles déploient chacune et toutes ensemble. De Richard Coeur de Lion à Philippe K.Dick, de Pharaon à Deng Xiaping, elles se transforment en robot vengeur, androïde asexué qui défie le trans-genre, en momie réfrigérée selon les lois du transhumanisme, chantant en anglais et en français, maniant et triturant la langue comme du slam ou des messages électroniques. Certains passages sont très drôles, et même si on décroche parfois, c’est un vrai bonheur qui nous est offert avec ce spectacle à la générosité et à l’énergie communicatives.
Hélène Kuttner
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