King Kong théorie : un trio féminin explosif
King Kong théorie De Virginie Despentes Mise en scène de Vanessa Larré Avec Anne Azoulay, À partir du 2 octobre 2014 Tarifs : 12 à 29 € Réservation au La Pépinière Théâtre M° Opéra |
À partir du 2 octobre 2014
Trois femmes, trois comédiennes formidables démontent sur scène le mythe féminin élaboré depuis des siècles. Un pamphlet écrit en forme de coup de poing par Virginie Despentes, revigorant et peu orthodoxe, en ce moment à la Pépinière Théâtre. “J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux ni compétitifs ni bien membrés. Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas.” Ces quelques lignes que Virginie Despentes déclare dans son livre King Kong théorie, écrit en 2006, tiennent lieu de manifeste. L’auteur de Baise-moi y brûle le mythe de la femme tant vantée dans les magazines et les publicités, contrainte à s’embellir et à faire carrière, sinon à épouser un homme qui puisse l’entretenir. Dans son bouquin brandi comme une arme de défense provocante, elle y énumère dans un joli chaos toutes les contraintes qui font du deuxième sexe, depuis Simone de Beauvoir, un asservissement perpétuel social et domestique. Vanessa Larré a décidé de se saisir de ce texte pour le porter au théâtre avec trois remarquables comédiennes qui se retrouvent dans les vestiaires d’une entreprise. Valérie de Dietrich d’abord, avec laquelle elle a adapté le texte, silhouette androgyne et visage anguleux, commence à nous interroger, les spectateurs, sur les questions qui dérangent. Aujourd’hui que les contempteurs de mai 68 regrettent l’ordre moral d’une famille traditionnelle, que sont devenues les femmes ? Sont-elles vraiment libérées par la contraception et le travail ? Pourquoi les schémas masculins, le pouvoir viril et la domination des mâles ne permettent toujours pas aux femmes de s’exprimer librement, de diriger des entreprises ou de séduire qui bon leur semble, comme les hommes ? Pour répondre et porter l’écriture provocante et courageuse de l’auteur, Barbara Schultz, d’une beauté ravageuse et d’une énergie dévorante, est tout simplement grandiose. En mini-jupe panthère ou en simple jean, elle égrène le viol, la violence, la brutalité subies par les femmes, elle crie leur revendication comme un droit à l’existence bafoué en permanence, encore aujourd’hui. Anne Azoulay, longue plante brune au corps élastique, illumine aussi l’espace de sa personnalité animale et clownesque, dans des lumières violacées ou rouges et des vidéos suggestives. Elles sont toutes les trois formidables dans ce spectacle intense et dérangeant, cru, émouvant et fort qui dit le réel avec des mots sans fard et des émotions sans limites. Hélène Kuttner [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=rSZOdcC5wmA[/embedyt] [Photos © François Berthier] |
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