June Events fait danser ses dix bougies
June Events Du 3 au 18 juin 2016 Tarifs : 10-20€ Pass 4 spectacles: 50€ + 10€ par spectacle supplémentaire Réservation: 01 417 417 07 ou info@atelierdeparis.org |
Du 3 au 18 juin 2016 June Events fête ses dix ans et se réinvente (légèrement). Ce qui reste : Carolyn Carlson présente une pièce d’envergure et beaucoup de projets mettent la musique live à l’honneur. Ce qui s’ajoute : Des spectacles qui investissent des lieux emblématiques, tel le Musée Picasso. Et de plus en plus de propositions en plein air, dans la ville et ses jardins. Il y a dix ans, Carolyn Carlson créa un festival dans son propre lieu, l’Atelier de Paris, à la Cartoucherie de Vincennes. Ce cadre de verdure appela une approche de la danse en lien avec son environnement. Au sens large (et artistique) du terme. Les chevaux d’un côté, le Théâtre du Soleil de l’autre, et devant l’Atelier de Paris, les pelouses et les arbres… Aussi la danse s’y présente-t-elle comme un art organique, en harmonie avec les notes et les faisceaux, les musiciens et les plasticiens visuels, les compositeurs et les développeurs électroniques. Etre chorégraphe ne signifie donc pas qu’on s’installe dans le nid confortable d’une composition musicale dont on sait déjà tout. La danse et la musique peuvent se tenir par la main pour avancer ensemble vers l’inconnu, à travers la nuit des incertitudes.
Thomas Hauert, chorégraphe suisse travaillant à Bruxelles, considère que les danseurs ont beaucoup à apprendre des musiciens. Pourquoi appelle-t-il sa création « Inaudible »? Peut-être parce que, comme il souligne en citant Merleau-Ponty, « la musique est trop en deçà du monde et du désignable pour figurer autre chose que des épures de l’Être… » Les musiciens seront sur le plateau, et la notation musicale devient forme dansée pure, dans « Nombrer les étoiles » d’Alban Richard. L’ensemble Alla Francesca entonne des airs du XIIème au XIVème siècle qui chantent l’amour courtois. Les danseurs reprennent les formes et lignes de la partition, pour des tracées au sol, sur le tapis de danse. Mylène Benoit est plasticienne, vidéaste et chorégraphe. Dans « L’Aveuglement » elle cherche à produire une expérience synesthésique entre le mouvement, la matière sonore et la vibration lumineuse. Et pour mieux y préparer les danseurs, elle a trouvé ce stratagème qui consiste à leur bander les yeux, depuis le début des répétitions, pour mieux écouter à l’intérieur d’eux-mêmes, sans oublier la sensibilité vis-à-vis du duo de musiciens qui partage cette création, dont le titre est donc à prendre au pied de la lettre. Pour couronner le line-up des musiciens, Maud Le Pladec une majorité numérique très confortable. Pour dialoguer avec les cinq danseurs, voilà neuf instrumentistes de l’Ensemble Ictus qui interpréteront « Trance » du compositeur américain Michael Gordon, œuvre considérée comme post-minimaliste. Danse et musique traverseront une partition lumière originale, intitulée « Ur[Trans] ». Il n’est donc plus question d’une chorégraphie mise en lumières et accompagnée de musique, mais bien d’une œuvre fusionnelle et transdisciplinaire. Quant à Ictus, il s’agit de l’ensemble lié à la compagnie Rosas et Anne Teresa De Keersmaeker! [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=qaRaVQ220Z0[/embedyt] Et Carlson? Dans « Seeds », la danse dialogue avec Elyx, bonhomme de la plume du dessinateur Yacine Aït Kaci alias YAK. Dans Seeds, Elyx vit ses aventures sur grand écran, voit pousser un arbre sur une planète grise ou plane sur un nuage d’où il fait pleuvoir les graines pour semer la vie sur terre. Seeds sème son message en posant moult question au merveilleux et à la botanique, dans un univers où rien n’est jamais explicite. Et les arts plastiques prennent une part toute aussi importante que le dessin, puisque tout le décor est ici d’origine végétale, car en papier kraft.. Et tous ces arbres ou rochers imaginés et réalisés par Gilles Nicolas s’animent merveilleusement sous les éclairages de Guillaume Bonneau, quand les effets les plus surprenants les transforment en matière vivante. « Seeds » est par ailleurs une pièce tous publics, et ce pluriel n’a rarement été aussi mérité.
June Events se déroule dans quatre lieux de la Cartoucherie (les deux salles de l’Atelier de Paris, le Théâtre du Soleil et le Théâtre de l’Aquarium). S’y ajoutent du « hors les murs », pourtant souvent intra-muros (selon la perspective parisienne). Le Musée Picasso invite Alban Richard à investir ses espaces de manière chorégraphique et musicale. Au Musée de la Chasse et de la Nature, Marie Orts jouera avec notre perception entre animalité, humanité, réel et illusion. Au Jardin de Reuilly, à Bercy Viilage et en place publique urbaine, les brèves chorégraphiques de Chloé Hernandez et Orin Camus (« Next couple ») iront à la rencontre des passants. Et Le BAL, lieu artistique situé dans le XVIIIème arrondissement, présente une création commune de l’artiste Laurent Goldring et la danseuse Marika Rizzi. C’est loin d’être tout, mais c’est déjà beaucoup. Thomas Hahn [Visuels : © June Events] |
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