June Events 2015 : Danser entre les arbres
June Events 2015 Du 8 au 20 juin 2015 Divers lieux : |
Du 8 au 20 juin 2015 Autour d’une soirée de gala pour et par Carolyn Carlson, se tisse une édition du festival June Events qui présente quelques-uns des créateurs majeurs de la génération chorégraphique actuelle, comme Daniel Linehan ou Alban Richard, fraîchement nommé à la direction du Centre chorégraphique national de Caen. Et on retrouve une légende musicale : Pierre Henry, toujours prêt à suivre la danse. June Events est un festival où la danse rime avec fête. Et cette année, il y a quelque chose à fêter, à savoir le 60e anniversaire de l’Adami, défenseuse des droits des artistes-interprètes. Les chorégraphes en ont besoin, mais voudraient surtout voir leurs œuvres diffusées, et plus encore dans un cadre chaleureux comme clui que leur offre ce festival qui atteint sa neuvièeme édition.. Et parfois elles renaissent, longtemps après la création. Carlson se souvient d’un solo qu’elle créa, sur une musique de Varèse, en 1973, à l’Opéra de Paris. Quarante-deux ans plus tard, elle le transmet à Isida Micani, jeune interprète de la compagnie de Carlson, qui reprend donc cette danse aérienne qui marqua la carrière de Carlson. L’occasion est belle de comparer ce retour aux origines à une nouvelle création, également un solo, écrit sur mesure pour Won Myeong Won, le danseur coréen qu’on a vu récemment dans la reprise de « Tigers in a tea house ». Mais Carlson n’a pas abandonné la scène. Elle aurait pu présenter ici son solo actuel consacré aux œuvres du peintre Mark Rothko, mais elle préfère offrir un « Poetry Class Event », où elle sera en scène avec les danseurs-clé de sa compagnie. Ce sera une conférence dansée autour de sa notion de la danse comme « poésie visuelle ». Cette soirée unique aura lieu le 18 juin au Théâtre du Soleil. Autre légende, mais en tant que compositeur: Pierre Henry! Nouvelle collaboration avec la chorégraphe Mié Coquempot, « Rhythm » est un duo (Coquempot et Jérôme Andrieu) pour laquelle Henry a écrit une musique originale, inspirés des images filmées par l’équipe dans le Gand Ouest américain où les eaux et le temps ont creusé des paysages monumentaux. La danse filmée dans cette métaphore du temps éternel sera présente sur le plateau, sous forme d’installation vidéo. Et il y aura bien « Un Sacre du printemps »! C’est Daniel Linehan qui relève le défi de trouver un accès personnel à la partition de Stravinski. L’enfant prodige américain de la danse contemporaine embarque treize danseurs issus de l’école P.A.R.T.S. d’Anne Teresa De Keersmaeker dans une exploration corporelle de la structure même de la partition, structure d’autant plus lisible que le Sacre sera ici interprété par deux pianistes et personne d’autre, mais en live, sur le plateau.
Daniel Linehan: Un Sacre du printemps
Dans la même soirée, on verra une nouvelle création d’Alban Richard, lui-même toujours en recherche autour d’univers musicaux et leur interaction sur e plateau avec les danseurs de sa compagnie. Il y aura donc, dans « dawnlight/Night: Light » solo qu’il interprète lui-même, des musiciens sur scène, interprétant une création de Raphaël Cendo pour flute, violon, violoncelle et piano. Mais cette création intègre également une recherche digne de l’Ircam, à savoir une géode acoustique qui enveloppe la danse et brouille les repères. A ne pas rater, la trilogie de Tomeo Vergés autour du mouvement décomposé et saccadé, où une seule séquence est divisée en micro-gestes, sans cesse rembobinés et répétés. Car s’appelle, en toute logique, « Incision », car couper dans le mouvement avec une telle insistance, c’est un peu comme couper dans la chair de l’interprète, mais pour mieux approcher son inconscient. L’ancien interprète de Maguy Marin s’est mû en chercheur, transposant une technique cinématographique à la danse, sur les traces de l’indicible qui se révèle par la répétition obsessionnelle. June Events permet tout autant de découvrir une nouvelle génération. Jann Gallois et Kevin Jean créent chacun de petites formes très percutantes. Gallois qui vient du hip hop, mais elle a aussi dansé chez Angelin Preljocaj. Très remarquée avec son premier solo « p = mg », elle crée « Diagnostic F20.9 », où elle interroge les effets de la schizophrénie. Gallois entre dans des ralentis, dans l’apesanteur et autres états seconds, lumineusement dessinés. La perception se brouille, le corps se dérègle. Mais la schizophrénie n’empêche en rien la clairvoyance. Le corps, porteur de mémoire et de visions, se débrouille à sa façon et acquiert une sensibilité d’autant plus vive. Si Gallois travaille en complicité avec le sol, Kevin Jean pratique la suspension. Lui aussi a débuté par un solo radical et dépouillé, « La 36e chambre », où il s’attacha à une corde, maîtrisant les flux sanguins, comme un exercice spirituel. Ancien grimpeur, devenu danseur et performeur, Jean revient aujourd’hui en duo, avec Nina Santes pour une performance suspendue dans les arbres. De cette « 36e chambre » très sobre, il passe au contact avec la nature, juste là, « Derrière la porte verte ». Car June Events, c’est aussi fait pour des balades, dans la Bois de Vincennes ou sur le site de la Cartoucherie, qui vaut à lui tout seul un détour, quand le soleil est au rendez-vous. [Photos : © Patrick Berger/ © DR / © Bart Grietens / ©Patrick Berger / © Laurent Philippe] |
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