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Julie Sanerot du Festival Impatience : « Être au plus près de l’artistique, en accompagnant des artistes. »

Laura Gilles-Pick 14 décembre 2017
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Le Centquatre-Paris, la Gaîté Lyrique, et le T2G-Théâtre de Gennevilliers ont présenté la 9e édition du Festival Impatience, dédié aux jeunes compagnies de théâtre, du 12 au 22 décembre 2017. Nous avons rencontré Julie Sanerot, directrice de la production et adjointe à la programmation artistique du Centquatre-Paris.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ai commencé par travailler dans le spectacle vivant, au Théâtre de la Colline, à l’Opéra de Paris, ou encore au Centre Chorégraphique de Créteil. J’ai plus particulièrement abordé la production et le suivi de projets artistiques lorsque j’étais en compagnies et au Théâtre National de Chaillot.

Comment êtes-vous arrivée au Centquatre-Paris ?

Il y a plus de 10 ans, avant même l’ouverture du lieu, lorsque que la Ville de Paris avait pour projet de fonder un établissement artistique et culturel de grande envergure dans ce quartier. Au fur et à mesure des projets, mon poste a évolué. Je voulais vraiment être au plus près de l’artistique en accompagnant des artistes. Je suis aujourd’hui directrice de production, c’est-à-dire en charge de la mise en œuvre de tous les projets artistiques : résidences, spectacles, expositions, concerts. Au Centquatre, les disciplines se mélangent et il faut savoir aussi bien monter une exposition d’art numérique que faire tourner un spectacle de cirque à l’étranger. Ici, les projets se créent dans nos murs et nous accompagnons au mieux les artistes. Le métier de production dans un projet comme celui du Centquatre est intrinsèquement lié à l’artistique. C’est pourquoi j’ai vite collaboré avec José Manuel Gonçalvès sur la programmation. Aujourd’hui, je suis donc également adjointe à la programmation artistique.

Qu’est-ce que le Festival Impatience ?

C’est l’un de nos temps forts. Ce rendez-vous artistique est essentiel car il permet de repérer les troupes et les créateurs de demain. En effet, le Festival Impatience a pour objet de donner une visibilité aux compagnies émergentes auprès du grand public et des professionnels. Il a contribué à faire connaître, sur les grandes scènes européennes, de nombreux talents, tels le collectif OS’O, Laurent Bazin, Guillaume Barbot, Laurent Brethome, Thomas Bouvet, Jonathan Châtel, Chloé Dabert, Thomas Jolly, Julie Deliquet, la Winter Family…

À l’issue du festival, le Prix Impatience 2017 sera décerné par un jury composé de professionnels et assurera, au spectacle primé, une diffusion au Centquatre, au T2G-Théâtre de Gennevilliers, à la Gaîté Lyrique et chez plusieurs structures partenaires. Seront aussi décernés le Prix du Public et le Prix des Lycéens.

J’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de metteuses en scène dans cette édition.

Même si notre unique critère de sélection est artistique, globalement il y a toujours eu un bon équilibre. Pour cette édition, on a en effet une grande majorité de femmes. Elles prennent le devant de la scène. C’est une photographie, à un instant T de la société et du théâtre d’aujourd’hui. Mais c’est important que beaucoup de jeunes metteuses en scène soient représentées. Il est à souhaiter que ces femmes continuent de mettre en scène et qu’on les retrouve à la tête d’institutions culturelles car, souvent, l’équilibre homme-femme tend à disparaître ensuite. Je pense que si l’on a cette représentativité des femmes aujourd’hui, on la retrouvera dans quelques années.

Le mot « émergence » semble très important pour le Centquatre.

Tout à fait ! On essaye de soutenir les artistes émergents de toutes les disciplines confondues. Cela passe par le Festival Impatience, ou par 104factory, notre incubateur de jeunes entreprises, par exemple. Le soutien aux créateurs d’aujourd’hui et de demain fait partie de notre ADN. Nous œuvrons pour l’insertion professionnelle et la visibilité de jeunes talents. Cela ne signifie pas que l’on ne fait que ça. Mais nous trouvons intéressant de se faire côtoyer, dans un même lieu, des artistes émergents et plus confirmés. Donc, oui, notre attachement à l’émergence est très fort. On a plus de 300 résidences à l’année, on fait beaucoup de diffusion et de séries (de spectacles). Les équipes qu’on retrouve dans Impatience ont parfois pu faire des résidences ici, en amont (on a d’ailleurs pu en repérer certaines par ce moyen). On peut avoir envie de les montrer dans le festival, de leur proposer une série ou une coproduction. Certes, Impatience se déroule sur deux semaines, mais cet événement s’inscrit vraiment dans la durée par notre accompagnement régulier.

Vous en êtes à la 9e édition, quelle(s) évolution(s) remarquez-vous ? Vers où avez-vous envie d’aller ?

Je trouve que la qualité des projets qui nous sont proposés est de plus en plus élevée chaque année. La sélection est de plus en plus difficile ! Et ça, c’est une très belle évolution ! Je suis très heureuse de voir s’élargir le cercle des partenaires de diffusion qui ont envie de soutenir l’émergence. C’est réjouissant, rassurant et positif, pour l’avenir du théâtre, que les programmateurs fassent confiance au festival et aux jeunes équipes. Reste un nouvel enjeu : devenir le Festival Impatience du Grand Paris, et pas que de Paris. Il faut que tous les publics puissent venir aux spectacles, de la Gaîté Lyrique jusqu’au T2G à Gennevilliers et que le festival soit présent sur le territoire du Grand Paris. Voilà notre prochain défi !

Propos recueillis par Laura Gilles-Pick

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