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Joseph Gorgoni fait un retour triomphal à Paris avec Marie-Thérèse Porchet, La truie est en moi

Philippe Escalier 2 juillet 2019
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La découverte, à Paris en 1999, de Joseph Gorgoni dans Marie-Thérèse Porchet, fait l’effet d’une bombe. Son spectacle co-écrit avec Pierre Naftule, donnera lieu à 350 représentations mémorables suivies de 5 soirées à l’Olympia. Vingt ans après, La truie est en moi est à l’affiche de la Gaîté Montparnasse pour le plus grand bonheur du public visiblement ravi de retrouver, enfin, son personnage fétiche.

Joseph Gorgoni, avoir attendu vingt ans, était-ce pour créer un manque ? Si oui, c’est réussi !

Non (rires). D’ailleurs, J’imaginais bien qu’il y aurait des gens contents de me voir mais je n’imaginais pas un tel enthousiasme. C’est assez fou. J’ai toujours eu cette envie de revenir mais il fallait le théâtre adéquat, les bons partenaires. Trouver cette alchimie tout en travaillant beaucoup a demandé du temps.

Comment a été fait le choix de la Gaîté Montparnasse ?

Le directeur que je connais depuis longtemps était venu me voir, à l’époque, à Caumartin. Il n’avait déjà proposé son théâtre mais quand je suis revenu avec « Marie-Thérèse amoureuse », en 2003, la Gaîté étant trop petite, ce sont les Bouffes Parisiens qui nous ont fait le plaisir de nous accueillir. Ici aussi, je me sens très bien. J’adore ce théâtre, le public est vraiment autour de moi, je suis comme dans une bonbonnière. Je ne peux pas rêver meilleure ambiance, depuis le début, chaque spectacle se termine avec les gens applaudissant debout !

C’était une évidence que ce retour se fasse avec « La truie est en moi » ?

Pierre Naftule me l’a suggéré en me disant que beaucoup ne l’avaient pas vue. Personnellement j’en avais pas trop envie, je craignais que le texte ait un peu vieilli, j’ai toujours été persuadé que l’humour se démodait. Je l’ai repris pour le relire et j’ai ri, alors j’ai dit banco !

On sent le côté un peu nostalgique avec un public qui connait bien le texte et ses meilleures réparties !

Oui, il y a des fans, et c’est un grand plaisir. Je ne dis pas cela par fausse modestie, mais je ne pensais pas que Marie-Thérèse serait restée autant dans l’esprit des gens, cela m’épate. Mais on a passé les deux premières semaines et ça commence à changer. Maintenant je sens que c’est plus mélangé, avec une partie plus importante de spectateurs pour qui c’est une découverte.

Marie-Thérèse revient avec les mêmes vêtements…

… Quasiment oui !

Question vache pour Marie-Thérèse : a-t-il fallu les ajuster ?

Je vais être tout à fait honnête : oui bien sûr, à l’époque, je dansais encore, j’étais une crevette. J’ai pris vingt ans quand même ! Mais à bien y regarder, pas tant que ça en fait. On a juste dû adapter quelques ceintures, le tablier pour que je sois à l’aise. La robe de fin est nouvelle. Pour le reste, les costumes ont l’âge du spectacle. Ils ont été bien conservés.

Joseph Gorgoni © Philippe Escalier

N’est-ce pas trop difficile quand on crée un tel personnage d’en être un peu prisonnier ? Vous avez dit un jour que vous aimeriez que Marie-Thérèse parle moins et vous un peu plus !

Non, je n’ai pas le sentiment d’être prisonnier. D’abord je n’ai aucun problème avec le fait que les gens m’appellent Marie-Thérèse dans la rue. Ensuite, j’ai écrit avec Pierre Naftule « De A à Zouc », où j’apparais pour raconter l’impact du personnage sur ma vie, un spectacle avec lequel nous avons décroché beaucoup de récompenses. Mais au final, ce n’est pas compliqué d’être Marie-Thérèse tout le temps. Je me suis un peu embarqué dans cette aventure sans faire de plan de carrière, c’est un accident heureux si je puis dire. Je ne vais pas m’en plaindre !

Il y a eu plusieurs suites que vous avez jouées essentiellement en Suisse !

Oui, la dernière était « Marie-Thérèse Porchet, 20 ans de bonheur ! » pour les 20 ans en 2013. Je voulais raconter les deux décennies du personnage. On a rencontré un succès énorme, c’est un spectacle moins « dramatique » et plus en stand-up que je pourrais adapter à Paris. Des huit suites que nous avons faites depuis, c’est peut-être celle que je reprendrais, car je ne compte pas attendre vingt ans pour revenir !

Vous dites tellement de choses sur la Confédération, vous pourriez presque être la Marianne Helvète !

De la Suisse romande ! Ceci dit, j’ai fait plusieurs tournées, en Suisse alémanique, avec « Uf Düütsch ! » en bernois qui plus est, qui se sont très bien passées. Ils avaient juste un peu de mal à comprendre, les cinq premières minutes, pourquoi je me moquais d’eux et de leur langue tellement particulière, car eux, ne se moquent pas de nous, ils disent que nous sommes un peu fainéants, mais cela ne va pas plus loin. Comme nous, les francophones, sommes une minorité, on ne se moque pas des minorités !

On ne le dira jamais assez mais Marie-Thérèse est une aventure extraordinaire !

Oui, c’est fou, c’est un peu inexplicable même si nous avons beaucoup travaillé. Pourquoi ce personnage a fonctionné tout de suite, je n’ai pas la réponse, cela m’échappe un peu mais j’en suis très content.

C’est un personnage unique, n’y a pas tellement d’exemples, et puis toujours en duo, Marianne James, les Vamps, Catherine et Liliane.

Je crois que ce qui fonctionne c’est que l’on est dans une pièce, pas du stand-up, devenu un exercice très courant. Marianne quand elle faisait « Ultima Récital », c’est un peu la même famille, d’ailleurs, on avait la même production.

La collaboration continue toujours avec Pierre Naftule ?

Oui, un peu ralentie parce que Pierre est assez malade. Mais c’est quelqu’un de très important, on ne le voit pas et pourtant il est la seconde moitié du spectacle. Je suis Marie, il est Thérèse !

Une question personnelle pour finir : peut-on travailler autant et avoir une vie sentimentale ?

Il faut croire que oui, je suis en couple depuis vingt ans avec Florian. Et tout se passe très bien. Il est comédien et nos occupations séparées nous aident à rester un couple soudé.

Propos recueillis par Philippe Escalier

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