Josef Nadj – Ozoon – Biennale de danse du Val-de-Marne 2013
Trois hommes en scène, représentant ces communautés peu médiatisées, ces drôles de contemporains qui se glissent, une fois par an, sous des peaux d’ours, de cerf, de sanglier ou autres, s’ils ne se dissimulent pas sous des robes de paille, voire d’ossements. Sans parler des masques. Ces traditions ont la peau plus dure qu’on ne le pense, du carnaval alémanique en Suisse à la Sardaigne, du Portugal à l’Autriche, de la Grèce à la Finlande…
Flirter avec les limites de la conscience humaine, chercher le souffle animal, voilà qui ressemble fort à Nadj, dernière énigme de la danse. Ne l’a-t-on pas connu grâce à Sept peaux de rhinocéros, Le Cri du caméléon et autres Canard Pékinois ? Ici, il choisit le titre le plus énigmatique de sa carrière : Ozoon. Pour évoquer la couche d’ozone, un zoo ou quoi en fait? Comme nul autre, Nadj le silencieux confirme que les eaux calmes sont profondes et insondables.
Depuis ses débuts, Nadj crée chaque fois à partir de l’univers d’un auteur, de Kafka à Bruno Schulz, Büchner et tant d’autres. Mais depuis peu, il s’inspire d’images, ce qui est en quelque sorte un retour aux sources puisqu’il a commencé sa carrière dans les arts par des études de graphisme. Après « Atem – Le Souffle », inspiré d’une célèbre gravure de Dürer, le voici qui va à la rencontre de Charles Fréger, photographe de renom qui vient de publier « Wilder Mann ou la figure du sauvage », un recueil de photos présentant justement ces hommes qui s’adonnent, printemps après printemps, à des rituels ancestraux.
Pour les sortir de leur anonymat collectif, Nadj leur consacre cette création chorégraphique. Mais il a aussi rencontré le photographe qui présente les plus modernes des hommes des cavernes en pleine nature et de belle allure, comme s’ils étaient des models de Chanel.
Et voici Nadj, probablement plus Nadj que jamais, qui quitte son fief à Orléans où il dirige le Centre national chorégraphique, pour ouvrir, sous peau de bête ou pas, la 17ème Biennale de danse du Val-de-Marne. Bien sûr, ce festival d’envergure connaît les difficultés qu’on a à sortir les Parisiens de leur fief de Paname. C’est pourquoi on n’y va pas par quatre chemins, mais en montant à bord de la navette qui part de la place du Châtelet (et qui vous y ramène).
Et si le spectacle vous inspire, sachez qu’à Vitry-sur-Seine le MAC/VAL, musée d’art contemporain du Val-de-Marne, présente jusqu’au 26 mai les photographies de « Wilder Mann » de Charles Fréger.
Thomas Hahn
Ozoon
Chorégraphie de Joseph Nadj
Composition musicale d’Akosh Szelevényi
Danseurs : Josef Nadj, Ivan Fatjo, Eric Fessenmeyer
Musiciens : Akosh Szelevényi, Gildas Etevenard
Masque : Jacqueline Bosson // Accessoires : Goury // Costumes : Aleksandra
Jeudi 21 mars et vendredi 22 mars 2013 à 20h30
Plei tarif : 18€ // Tarif réduit : 11€ // Moins de 25 ans : 7€
Billetterie : 01.71.33.53.35
Navette gratuite aller-retour les 21 et 22 mars
Départ à 19h30 de la Place du Châtelet, avenue Victoria, côté Théâtre de la Ville
Réservations : 01.56.34.09.75 // www.alabriqueterie.com/fr/actu/toute-la-biennale
Salle Jacques Brel
166, Boulevard Galliéni
94120 Fontenay-sous-Bois
Wilder Mann, exposition Charles Fréger
Au MAC/VAL – Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne
Place de la Libération, 94404 Vitry-sur-Seine
[Crédits photographiques : Severine Charrier]
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