Jean Moulin, héros éternel incarné par Arnaud Denis
Jean Moulin Évangile De Jean-Marie Besset Mise en scène de Régis Martrin-Donos Avec Arnaud Denis, Sophie Tellier, Gonzague Van Bervesselès, Laurent Charpentier, Chloé Lambert, Stéphane Dausse, Michaël Evans, Loulou Hanssen et Jean-Marie Besset Jusqu’au 21 octobre 2017 Mardi, vendredi et samedi à 20h30, mercredi et jeudi à 19h, matinée samedi à 16h Tarifs : de 11 à 25 € Réservation en ligne Durée : 2h15 Théâtre 14 M° Porte de Vanves |
Jusqu’au 21 octobre 2017 Dans une ébouriffante saga sur le héros de la Résistance française, Jean-Marie Besset retrace le parcours de celui qui fut le plus jeune préfet de l’Aveyron avant d’être arrêté et torturé par la Gestapo. Arnaud Denis, qui incarne le héros, ainsi qu’une dizaine de comédiens campent cette faune de personnages grouillant autour ou contre De Gaulle pour libérer la France. Un passionnant moment de théâtre. Un véritable héros de roman Aucun personnage de la Résistance ne fut aussi admiré que Jean Moulin. Jeune et brillant fonctionnaire dans les années 1930, ce beau jeune homme épris de liberté et de civisme plongea de toute son âme dans une opposition frontale à l’occupant allemand en 1940, date de sa première arrestation par la Gestapo pour désobéissance aux ordres nazis. Auparavant, il aura côtoyé le Front Populaire et Léon Blum, aura aidé secrètement les Républicains espagnols contre Franco, au point d’être surnommé “le préfet rouge”. Engagé, haut fonctionnaire de l’État, il était aussi passionné de dessin, grand amateur d’art contemporain, de littérature et complice de nombreux artistes, comme le poète Max Jacob. Une pièce découpée au cordeau Neuf acteurs, quinze personnages qui vont de Klaus Barbie à Charles de Gaulle, du traitre René Hardy à Pierre de Bénouville, en passant par Antoinette Sachs, la maîtresse de Jean Moulin, ce sont trois années de guerre, de 1940 à 1943, qui sont ainsi rythmées par des tableaux à la vivacité brillante, au tempo d’enfer, qui nous plongent dans les contradictions folles d’un serviteur de l’État forcé par ses convictions à lui désobéir. Dans le rôle-titre, Arnaud Denis est parfait : fiévreux, ardent, entier, doué d’une énergie phénoménale. Sa première rencontre avec De Gaulle, que joue subtilement Stéphane Dausse, est formidable de vérité et de justesse. Sophie Tellier (Antoinette), Chloé Lambert (Laure) mais aussi Gonzague Van Bervesselès, tous sont d’un engagement total et juste. Une passion christique On pourra reprocher à l’auteur une propension exagérée à peindre son héros en figure christique, sacrifié à l’autel de la liberté, ce qui, pour Jean Moulin, laïque déclaré, peut paraître contradictoire. Sa sexualité était-elle ambivalente ? On ne peut non plus l’assurer de la part de cet “homme à femmes”. Mais qu’importe ! La pièce, gorgée de détails véridiques sur la difficulté à unir les mouvements de Résistance, malgré les coups fourrés, les jalousies, les trahisons, est tout à fait passionnante en déroulant ces épisodes historiques de manière haletante, à la manière d’un roman feuilleton dramatique. Cela joue et vibre sur un plateau simplement encombré d’armoires, que l’on ouvre ou referme sur des secrets terribles (scénographie d’Alain Lagarde). Les très belles lumières de Pierre Peyronnet disent l’essentiel et la mise en scène intelligente et claire du tout jeune Régis de Martrin-Donos est à saluer. Quel plaisir de théâtre ! Hélène Kuttner [Photos © Marc Ginot] |
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