Je suis Fassbinder, dernier acte d’une Europe en crises ?
Je suis Fassbinder De Falk Richter Mise en scène Stanislas Nordey et Falk Richter Avec Thomas Gonzalez, Judith Henry, Éloise Mignon, Stanislas Nordey, Laurent Sauvage Jusqu’au 4 juin 2016 Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30 Tarifs : de 14€ à 29€ Réservation en ligne La Colline www.colline.fr |
Replis nationalistes, manifestations contre le mariage pour tous, attentats de Paris, viols de Cologne, situation des réfugiés ; assistons-nous spectateurs impuissants, au dernier acte de l’Europe de nos idéaux humanistes et démocratiques ? Quand ce n’est pas l’un qui s’exhibe et se livre à des actes de harcèlement sexuel, l’autre débite des commentaires caricaturaux, discours outranciers. Les personnages du plateau s’écharpent, s’étripent, vitupèrent, vocifèrent, pour nous livrer le théâtre parodique d’une démocratie agonisante. Montée des nationalismes, manifestations contre le mariage pour tous, attentats de Paris, viols de Cologne, situation des réfugiés…Perdus dans ce piteux fatras, nous assistons à l’Agonie lente, de deux longues heures, d’une Europe, chantre de nos idéaux humanistes, jusqu’à ce que , tel l’hallali, retentisse la phrase qui vient abréger tant de souffrances « ce qui serait le mieux, en ce moment, ce serait un maître autoritaire qui serait très bon, gentil et juste. ». Mise en perspective Cette citation, extraite extraite du film de Fassbinder L’Allemagne en automne (1977), y est prononcée par une une mère ayant (sur)vécue au IIIème Reich. Ce film, point de départ de la pièce, met perspective notre crise actuelle avec celle de l’Allemagne des « années de plomb » en proie aux actes terroristes de la RAF (Rote Armee Fraktion, Fraction armée rouge).
« (Fassbinder) aborde avec intelligence les tabous et les traumatismes de la société allemande, et montre surtout que le fascisme n’a pas disparu avec la fin de la seconde guerre mondiale, combien il perdure encore dans les années 50, 60 et 70 en Allemagne…(Le pays) est alors en pleine période terroriste, en plein état d’urgence, et tout le monde a peur. Connaît-on actuellement un virage à droite et comment réagir à cela en tant qu’artiste ? » explicite Falk Richter.
À l’image de ces photos de cinéma éparpillées au sol, ce spectacle performatif, écrit au fil des répétitions, organise un joyeux fatras déstructuré. Un spectacle qui se tend comme le miroir grossissant de cette Europe en crises, jusque dans ses formes. Adviendra-t-il un sursaut ? Jeanne Rolland
[Visuels : Je suis Fassbinder, Théâtre de la Colline © Jean-Louis Fernandez] |
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