Je l’aimais – Théâtre de l’Atelier
Un air de piano trouble doucement le silence obscur de la salle. Les phares d’une voiture aveuglent le spectateur tout en lui dévoilant l’intérieur chargé d’un petit chalet de montagne. Pierre (Gérard Darmon) entre, visiblement frigorifié, suivi un instant plus tard par Chloé (Irène Jacob), l’air abattu. Les dialogues s’échangent, nous acheminant peu à peu vers le récit d’un amour aussi fort que misérable.
Tout au long de la pièce, malgré un décor très réaliste et très chargé, le jeu plutôt minimaliste des lumières souligne d’un rayon blanc et plongeant chaque apparition de Mathilde, (Noémie Kocher), la femme aimée de Pierre. Croisant le présent avec le passé, la mise en scène de Patrice Leconte installe une intimité réaliste qui nous plonge dans la confidence et nous émeut.
Adaptée du roman du même nom, écrit par Anna Gavalda, Je l’aimais parvient à nous raconter une histoire d’amour avec finesse et retenue. Si la pièce tarde à rentrer dans le vif du sujet, défaut probablement dû au respect du roman, dès qu’apparaît le personnage de Mathilde, le spectateur accroche, puis frissonne et se révolte tour à tour.
Le souvenir prend vie
Elle était attendue, mais l’entrée rayonnante de la jeune femme, au cœur du récit de Pierre, nous saisit d’émotion. Avec son carré brun permanenté, sa robe rouge et un sourire qui ne quitte jamais ses lèvres, l’actrice, le souvenir de Mathilde, apporte dans le cadre vieillot du chalet la fraîcheur que le personnage a insufflé dans la vie de Pierre.
Difficile, cependant, de ne pas comparer l’ensemble avec l’adaptation cinématograhique de Zabou Breitman. Mais Gérard Darmon colore la pièce de sa propre pâte et interprète un Pierre aussi convainquant que séduisant. Sa voix salée, roque et sèche, lui confère l’aura et la juste tonalité d’un conteur, ce qui ne pouvait que convenir à la pièce. A cela s’ajoute une fluidité dans son jeu qui alterne de manière naturelle entre la discussion au présent avec Chloé et les gestes du passé avec Mathilde. Le souvenir prend vie, et l’émotion se fait tangible, pour toute la seconde partie de la représentation.
Malheureusement, le jeu d’Irène Jacob fonctionne moins bien. Si l’abattement du personnage perdu se manifeste dans l’air hagard et les yeux brillants de l’actrice, le texte demeure récité et sonne un peu faux. A vouloir jouer un personnage apathique, elle rate les petits mouvements de colère qui secouent par à coups la jeune femme. Chloé est désespérée, certes, mais elle n’est pas dépressive. Peut-être aurait-il mieux valu assumer un caractère plus trempé pour ce personnage.
Adaptée du roman du même nom, écrit par Anna Gavalda, Je l’aimais parvient à nous raconter une histoire d’amour avec finesse et retenue.
Chloé Goudenhooft
Je l’aimais
D’après le roman d’Anna Gavalda et mise en scène par Patrice Leconte
Avec: Irène Jacob, Gérard Darmon, Noémie Kocher
Jusqu’au 15 mai 2010
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 16h.
Réservations : 01 46 06 49 24 ou www.theatre-atelier.com
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
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