J’aime beaucoup ce que vous faites : Quand amitié ne rime pas toujours avec vérité…
Avec plus de1600 représentations, J’aime beaucoup ce que vous faites remporte un franc succès, rassemblant de très bonnes critiques s’accordant toutes pour reconnaître le talent des jeunes acteurs, l’énergie et la fraicheur qui ressort de cette pièce.
Carole Greep, nous offre un joli moment de détente en abordant toutefois le thème sérieux de l’amitié, en montrant ses travers et sa fragilité. Tragédie ou comédie, le théâtre met avant tout en scène, l’homme dans son intimité, ses doutes et ses relations avec les autres. Et Carole Green a choisi le rire pour aborder les trahisons que l’on connaît souvent par nos proches.
Le scénario est simple et sans doute clé de la réussite de la pièce. Un couple ayant quitté la capitale s’apprête à recevoir leur couple d’amis dans leur maison de campagne mais voilà qu’un petit incident va les stopper dans leur enthousiasme et leur élan de générosité. En effet, une fausse manipulation de portable et c’est le drame ! Alors que leurs petits parisiens sont encore dans la voiture, nos hôtes entendent leur discussion, une discussion riche en vérités… Difficile de quitter la capitale pour se retrouver dans un coin paumé chez des amis que tout séparent maintenant. En réalité leurs invités trainent les pieds pour retrouver leurs amis aux allures de “ratés” à leurs yeux : une jeune femme au look inexistant, au talent culinaire effrayant et un écrivain médiocre avide de projets bien trop ambitieux pour lui. Mais comme ils disent, ils vont faire leur BA de l’année. C’est une véritable douche froide pour leurs soi disant amis, qui décident néanmoins de maintenir le weekend, histoire de s’amuser un peu.
Jusqu’où iront-ils dans leur manigance et jusqu’ou iront leurs amis dans leurs mensonges et leur hypocrisie ? Avec pour toile de fond un comique de situation, voilà une jolie mise en abîme théâtrale où des comédiens jouent à jouer la comédie, mais leurs personnages s’en sortent beaucoup moins bien et très vite laissent paraitre leurs failles…
Les piques ne se font pas attendre et les remarques cinglantes donnent le ton à ce weekend où humour et ironie sont maitres mots. Nous voilà embarqués pour un voyage entre faux semblant et bienséances. Faire bonne figure, voilà ce que s’apprêtaient à faire nos deux petits parisiens en venant ici, saluant la nouvelle maison et la nouvelle vie de leurs amis qu’ils trouvent en réalité sans intérêt.
L’on salue la performance des acteurs qui portent la pièce sans en faire trop. Faire rire mais être juste, sans jamais tomber dans l’emphase ou le rire gras, le grotesque, tel était le défi pour ces jeunes acteurs et l’on peut dire qu’ils y parviennent avec brio. On retiendra néanmoins peut-être plus le jeu de ces femmes au caractère bien affirmé derrière le quel s’efface quelque peu celui des hommes. Attribuons une mention spéciale à celle qui joue le rôle de la blonde, et qui incarne à merveille le stéréotype de la femme siliconée n’ayant qu’une préoccupation la mode, et complètement à côté de la plaque lorsqu’il s’agit de suivre une discussion sérieuse. Ses nombreuses gaffes nous font mourir de rire et risque de devenir des expressions cultes! Difficile en effet, d’oublier ce mélange hilarant “je n’ai pas inventé le fil à couper l’eau chaude”!
Voilà deux mondes que séparent ces couples, amis de longue date. Il semble pourtant que leurs différences aient eu raison d’eux. Ne dit-on pas souvent que la différence est une force, une richesse, assurant une certaine complémentarité ? Force bien sûr à condition de l’accepter. Et voilà tout l’enjeu de la pièce de Carole Greep qui vise à monter les travers de l’amitié. L’on cherche trop souvent des amis qui nous ressemblent et quand ces derniers s’éloignent de notre mode de vie, on s’enferme dans une incompréhension qui paralyse une amitié et qui nous fait tomber dans l’irrespect de l’autre.
L’hypocrisie de ces jeunes gens cachant derrière elle de nombreux non dits pose la question de la franchise ou du silence. L’amitié suppose t’elle de ne rien dire par crainte de blesser ou au contraire de tout dire avec diplomatie bien sûr?
L’on ressort de cette pièce le sourire aux lèvres mais l’on ne peut s’empêcher de penser à nos amis… Avec beaucoup d’humour, Carole Greep s’attaque au sujet délicat et complexe qu’est l’amitié nous amène peut-être à revoir notre comportement ou notre jugement à l’égard de nos amis… Etre plus franc, plus naturel, plus ouvert et peut être moins sévère… Ca, c’est à vous de choisir !
Déborah Touboul
Une comédie de Carole Grep, mise en scène par Xavier Letourneur.
Avec Thierry Lavat ou François Raison, Loic Legendre ou Stéphane Jaubertie, Gaëlle Lebert ou Caroline Frossard, Pauline Guimard ou Juliette Poissonnier
Actuellement à la Comédie Caumartin
du mardi au samedi à 20h et le samedi et dimanche à 17h30
Réservations au 01 47 42 43 41
Tarifs: De 20E à 30E
Comédie Caumartin
25, rue Caumartin 75009 Paris
Métro Havre Caumartin
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