J’ai terriblement envie de vivre… Et nous aussi ! – Théâtre du Petit Saint-Martin
J’ai terriblement envie de vivre D’Anton Tchekhov Mise en scène de Corine Juresco et Bruno Abraham-Kremer Avec Bruno Abraham-Kremer Jusqu’au 31 décembre 2014 Tarifs : de 10 à 32 € Réservation au Durée : 1h40 Théâtre du Petit Saint-Martin M° Strasbourg Saint-Denis ou République |
Jusqu’au 31 décembre 2014
Après Romain Gary et sa Promesse de l’aube, le comédien Bruno Abraham-Kremer s’attaque au grand maître du théâtre russe, Anton Tchekhov. Un superbe voyage jusqu’aux confins de la Sibérie qui nous révèle un homme d’une profonde humanité. C’est à un voyage magnifique, bouleversant et enrichissant que nous convie Bruno Abraham-Kremer en enfilant le costume d’Anton Tchekhov, né en 1960 dans une famille pauvre, avec un grand-père esclave battu par ses maîtres. Le petit Anton a été lui aussi battu par son père et éduqué à la dure, ce qui explique certainement la passion profonde que, médecin et écrivain, il développa pour ses frères humains. Ce sentiment de n’être rien dans cette immense et froide Russie fera naître chez lui un désir formidable de liberté individuelle qui habitera toute son œuvre. En guise de train ou de bateau, un immense tapis oriental aux camaïeux de rouge est roulé au centre de la scène, écrin précieux de l’écrivain. Son enfance à Taganrog, sa jeunesse à Moscou, ses premières expériences de médecin, ses premiers succès au théâtre – et ses premiers échecs – jusqu’à son interminable voyage jusqu’au bagne de Sakhaline en humanitaire désespéré, avant de se retirer avec sa dernière épouse actrice à Yalta en raison de sa tuberculose, les principales étapes de la vie de l’écrivain ont été reconstituées à l’aide des lettres et des écrits par Corine Juresco et l’acteur lui-même. Dans cette scénographie chaleureuse et sobre, avec quelques projections, un peu vagues, qui apparaissent en transparence sur le rideau de voile sombre, c’est le héros de Platonov qui s’exprime, devant Stanislavski et Meyerhold. Ce sont les Trois Sœurs qui rêvent de Moscou et Nina qui se prend pour la Mouette face à un public qui ne comprenait pas encore la force de cette humanité désœuvrée, prise en étau entre le monde d’hier et le XXe siècle, le romantisme de Pouchkine et le vérisme de Gorki. Pour l’heure, nous nous attachons à ce personnage complexe et terriblement émouvant, médecin pour gagner sa vie et écrivain pour la rêver et décrire le monde, incarné par le comédien qui le raconte avec beaucoup de grâce dans une élégante mise en scène. Médecin lui-même malade, écrivain de théâtre par hasard et nécessité, humaniste et philosophe, sa trajectoire rejoint quelque part l’héroïsme de Romain Gary, russe et multiple lui aussi. C’est très beau ! Hélène Kuttner [Photos © Pascal Gely] |
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