J’ai des doutes : François Morel réinvente Devos
Sur la scène de la Scala, l’humoriste et acteur François Morel reprend un spectacle en forme d’hommage à Raymond Devos avec le pianiste Antoine Sahler. Un moment de tendresse absolue et d’humour coriace, entre les mots et les notes de musique. Réjouissant et apaisant par les temps qui courent.
Sur les traces de Raymond Devos
François Morel est un admirateur, depuis très longtemps, de Raymond Devos en qui il voit un maître, un magicien des mots. En son honneur, il a même écrit un texte pour une émission de radio, tentant de saluer le « miracle » de ses apparitions scéniques. Folie, jeux de mots d’une incroyable ironie, esprit d’une vivacité remarquable d’un homme orchestre empoignant l’accordéon ou la clarinette avec la même aisance qu’il jouait avec les mots. François Morel, frère de coeur et d’esprit, possède suffisamment de talent pour ne pas tomber dans l’imitation. Il réinvente son maître avec la grâce, la légèreté et la roublardise qui lui sont propres. Les sketches, en duo avec le pianiste Antoine Sahler, coulent de source. L’absurde, le rêve, la métaphysique du quotidien nous reviennent par la fantaisie de l’acteur, sa connivence amicale avec le public, son brio lexical et ses mimiques élastiques.
Un moment de grâce
Le résultat, c’est un véritable moment de grâce. On retrouve l’esprit, le rire, la folie jouissive de Devos, sous les traits d’un Morel en smoking et noeud papillon, jouant avec le piano, le clavier à piston et divers ustensiles tandis qu’il nous raconte des histoires d’amour, pour son chien, ou de haine, pour les murs. Une philosophie du bonheur en forme de pied de nez à la médiocrité, à la méchanceté, à l’égoïsme. L’acteur se fait passeur, interprète d’un monde trop étriqué, qu’il ouvre avec son intelligence, son imaginaire. Antoine Sahler est un partenaire idéal de jeu, complice de tous les délires, tandis que des extraits d’interviews radiophoniques nous ramènent à la parole originelle de Devos tentant d’analyser les raisons de son succès. De tels artistes, Raymond Devos, François Morel, nous aident à vivre, en allégeant un peu le poids du monde. Que cette facétieuse fantaisie nous fasse encore longtemps planer, rire, et réfléchir.
Hélène Kuttner
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