Isabelle Starkier
Née de l’union d’une mère comédienne et d’un père architecte, Isabelle se dit aujourd’hui un pur mélange de l’influence parental, puisqu’elle considère la mise en scène comme un travail sur l’espace mais aussi sur la rencontre de comédiens issus d’univers différents. Elle ajoute « je ne suis pas auteur mais plutôt écrivain de l’espace et du non-dit qu’offre le texte. » Normalienne, Isabelle est également maître de conférence à l’université d’Evry où elle enseigne la pratique théâtrale. En 1980, Isabelle Starkier met en scène Grasset et Buisson et se passionne pour le théâtre d’appartement et le travail hors-les-murs pour plus de proximité avec son public. Elle crée sa compagnie en 1985 pour travailler sur des créations en rapport avec la société et le contexte social.
– A 13 ans, le film 1789 d’Ariane Mnouchkine vu cinq fois. La phrase « La vraie vie n’est pas dehors mais dedans » m’a fait l’effet d’une révélation.
2.Quelle est votre idée de la consécration artistique ?
– Avoir les outils pour créer dans des conditions normales et avoir une résidence fixe pour fédérer une troupe.
3.Existe-t-il un espace qui vous inspire ?
– A Trouville devant la mer, sentir et fixer l’eau.
4.Quelles sont vos obsessions et comment nourrissent-elles votre travail ?
Mes cauchemars et le grotesque qui me fait passer du rire au larme.
5.Quelle dimension tient votre travail dans votre vie et quel sens prend-t-il ?
– Le travail est plus qu’un plein temps, c’est toute ma vie, néanmoins, je garde un certain équilibre entre ma vie privée et professionnelle.
6.Quelle place tient la fuite du temps dans votre vie ?
– Je suis totalement une workholic et j’ai toujours l’impression de ne pas avoir le temps de tout faire.
7.Croyez-vous à l’existence d’une image absolue ?
– Flowers de Lindsay Kemp incarne la perfection inégalable.
8.Vous sentez-vous proches de vos maîtres ?
– Daniel Mesguich qui m’a enseigné le théâtre, sinon Antoine Vitez et Ariane Mnouchkine qui s’apparentent à mes maîtres référents et dont je puise de l’inspiration.
« Il faut dire au public que le théâtre est essentiel, les spectateurs doivent réfléchir à partir de l’émotion. Je souhaite ouvrir des portes de questionnement, pour moi le débat c’est ce qu’il y a de plus enrichissant ». Isabelle aime aller travailler à la campagne ou dans des quartiers difficiles. Elle note une société avec une culture à deux vitesses : d’une part l’happy few et de l’autre la culture cinéma, vidéo et jeu qui correspond à 90% de la population. « Je veux convaincre les gens que le travail au théâtre apporte un supplément d’âme qu’aucun autre support ne peut leur apporter ». Isabelle poursuit : « le théâtre est l’outil le plus démocratique qui existe, je souhaite travailler sur les codes et créer un théâtre polysémique où les jeunes pourraient s’identifier. Il faut réfléchir à la forme du théâtre, le principe hors-les murs, le travail avec les scolaires permet de rendre le théâtre plus proche et plus accessible du public.” Ainsi, Isabelle organise régulièrement dans les écoles “des voyages théâtraux” d’une durée de 7h, 7h de voyage où les enfants apprennent les codes du théâtre, la fabrication de l’objet théâtral et la magie qui en découle.
Isabelle travaille beaucoup sur les thématiques de l’identité et de l’altérité. « Le regard que porte la société sur l’Autre m’a toujours fasciné. Etant moi-même juive, je vis intimement cette quête de mes racines. Ce rejet de l’autre à cause de sa sensibilité et de sa culture qui diffère de la masse pose un vrai problème actuellement. Je souhaite en quelque sorte faire de la prévention contre toute forme de communautarisme et de repli sur soi ».
Chaque pièce d’Isabelle Starkier est symptomatique de ces sujets à l’instar de Monsieur de Pourcaugnac où l’étranger au temps de Molière est incarné par le provincial, ici un Limousin. « J’ai voulu actualiser ce propos en transformant Monsieur de Pourceaugnac en un homme noir mais français pour que la question soit plus frappante. » La pièce Quichotte décrit quant à elle le périple d’un homme en quête de lui-même.
En présentant plusieurs pièces à Avignon en 2009, Isabelle souhaitait avant toute chose présenter le travail de sa compagnie et que le spectateur retrouve une cohérence à la fois thématique, esthétique et humaine entre chaque pièce. En effet, on peut retrouver un même comédien jouant dans plusieurs pièces. « C’est le parcours d’une troupe et pas seulement un produit final que je voulais offrir au public ». Isabelle a beaucoup de projets en 2010/2011 notamment la mise en scène d’une création intitulée L’homme dans le plafond.
Propos recueillis par Morgane Guimier.
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