Isabelle Perrot
Quand elle était toute petite, Isabelle Perrot accompagnait sa grande sœur à ses cours de danse. Elle était fascinée par ce milieu et brûlait déjà d’envie de se mettre à danser elle aussi. Elle s’inscrit donc très tôt au conservatoire de Châteauroux et obtient quelques années plus tard le diplôme de fin d’étude en danse classique. Elle suit après cela une formation scène à l’école de Mylène Riou en jazz et en contemporain. Après le BAC enfin, elle suit des stages, cours open et master classes à Paris, et a notamment été initiée à la danse théâtre avec Martine Harmel.
La danse africaine, c’est à dix-sept ans qu’elle la découvre, alors qu’elle est en voyage en Guinée. « J’ai vraiment eu un coup de foudre pour le rythme de cette danse et pour le rapport au sol qu’elle offre, explique-t-elle. Il y a comme une accroche avec la terre, comme une présence directe. Quand on pratique la danse africaine, on est, ici et maintenant ». Elle décide alors d’approfondir sa pratique de la danse africaine du centre Momboye dans le vingtième arrondissement de Paris.
En 2007, elle obtient le diplôme d’Etat pour devenir professeur de danse. Mais pour se libérer du carcan institutionnel dans lequel l’avait enfermée la préparation au diplôme, elle montre la compagnie Nebka en 2008 qui lui permet de concevoir ses propres créations librement. Fidèles à ses affinités, ses chorégraphies mélangent la danse contemporaine et la danse africaine. « Aujourd’hui, le monde est un monde de métissage, le mélange est un nouveau moyen pour enrichir la danse et la renouveler » précise-t-elle. Elle cherche à puiser dans les danses contemporaines, africaine et jazz pour pouvoir utiliser toutes les énergies et construire ainsi des mouvements d’une plus grande richesse. Mais Isabelle Perrot ne recherche pas seulement le mouvement pour le mouvement, « il faut toujours qu’il y ait quelque chose qui soit exprimé, indique-t-elle. La danse est un art vivant, il faut que le mouvement vive ». Pour cette raison, elle utilise toutes les techniques qui peuvent permettre à l’artiste d’exprimer quelque chose : le côté théâtral d’un geste ou d’une intention, la voix, etc.
Dans sa recherche de la vie à travers la danse, elle travaille aussi avec différentes matières : la terre, le sable, l’eau… « Ce rapport à la matière peut nous permettre de retrouver les choses essentielles et d’oublier le superficiel ».
La dernière poignée de sable, la dernière création d’Isabelle Perrot, fait intervenir quatre danseurs d’horizons différents, toujours dans le souci de respecter un certain métissage de la danse. Entre danse contemporaine et danse africaine, La dernière poignée de sable donne à voir, la réaction de l’humain face au deuil, l’anarchie qu’elle provoque en nous, à travers les corps des trois interprètes qui ressassent les souvenirs de l’homme perdu.
Quelles sont vos racines, réelles ou imaginaires ?
– Le Berry, le pays des sorcières, et notamment le parc régional de la Brenne. Au Moyen-âge, c’était un lieu marécageux. Les condamnés sorciers et guérisseurs qui s’exilaient là considéraient que le corps et l’âme étaient intimement liés et qu’ils fallaient prendre les deux en considérations, alors que le christianisme donnait plus d’importance.
Quel est le premier évènement marquant de votre vie ?
– Une sortie d’école à Châteauroux, au Théâtre de l’Equinoxe. Cela a été un premier contact avec une compagnie de danse professionnelle, vraiment magique !
En quoi aimeriez-vous vous réincarner ?
– En louve.
Existe-t-il un espace qui vous inspire ?
– La scène.
Quelle partie du corps vous fascine le plus ?
– Les yeux, le regard.
Chloé Goudenhooft.
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