Loïc Risser
Comment avez-vous connu la Cie Un Excursus ?
J’ai rencontré Barbara Bouley-Franchitti, directrice et metteur en scène d’Un Excursus, lors d’un hommage rendu, sur son initiative, à Madeleine Marion, après sa disparition en 2010, au Conservatoire de Paris. Barbara m’a proposé de participer à la création d’un spectacle qui aurait pour objet le travail du comédien, avec pour point central la pédagogie de Madeleine Marion et d’Antoine Vitez. Par la suite, la compagnie a souhaité produire ma lecture publique du texte de Daniel de Roulet, ce que j’ai accepté avec grand plaisir.
D’où vient votre désir de proposer des lectures publiques ?
Tout d’abord, de mon goût prononcé pour la littérature, la lecture, les livres et les librairies. Ensuite, parce que j’adore cette forme qui se distingue du jeu au plateau. Il s’agit pour moi moins d’incarner que de transmettre un texte. Enfin, c’est pour moi un espace de liberté, de réflexions et de recherches, puisque j’initie moi-même ces lectures, guidé par mes propres questionnements.
Pourquoi avez-vous choisi Tu n’as rien vu de Fukushima (Danie lde Roulet) en particulier ?
Il y avait longtemps que je voulais travailler sur la question du nucléaire. J’ai grandi près de la plus vieille centrale du parc français, Fessenheim, en Alsace. Début 2010, j’ai lu un roman remarquable, La Centra le d’Elisabeth Filhol et j’ai eu envie d’en lire des extraits en public. Le projet en est resté au stade de l’envie et des idées jusqu’en mars 2011 lorsqu’a eu lieu la catastrophe de Fukushima. J’ai alors décidé qu’il n’était plus question de remettre ce travail à plus tard, et j’ai commencé à m’y atteler plus en détail.
Je suis tombé par hasard dans une librairie sur le texte de Daniel de Roulet. Je l’ai lu, et j’ai eu l’immédiate conviction que c’était ce très beau texte qu’il fallait choisir. Et plus je le lis, plus j’en découvre l’extraordinaire justesse.
Comment s’est déroulée la première rencontre avec l’auteur, Daniel de Roulet ?
Très bien. La première avait justement lieu en Alsace et Daniel de Roulet a bien voulu répondre à ma proposition de venir débattre avec le public après la lecture. J’appréhendais beaucoup le fait de lire le texte devant son auteur… Je crois qu’en tant que comédien, on est toujours impressionné de rencontrer les auteurs… Mais ça s’est très bien passé et nous avons renouvelé l’expérience.
Quelle a été la lecture la plus marquante pour vous en 2011 ? Pourquoi ?
Celle-ci, justement, parce que c’était une première, parce que Daniel était là, parce que la lecture a eu lieu dans la ville (Guebwiller) où j’ai grandi, où le public est particulièrement réceptif à cette problématique, ce que j’ai pu ressentir durant la lecture…
Le souvenir de la catastrophe est encore très proche, d’ailleurs ce n’est pas un souvenir, c’est quelque chose qui existe encore, qui arrive, là, sous nos yeux. C’était une soirée très émouvante.
Quelles sont vos prochaines dates ?
Je vais le 17 mars à Cherbourg (le Cotentin est la région la plus nucléarisée au monde) sur une proposition d’Europe Ecologie – Les Verts. Puis deux dates à Paris, l’une le 24 mars à la Bibliothèque Flandres, dans le XIXème, l’autre, dont le jour exact reste à définir, à l’usine de Pantin (siège du Front de Gauche). J’espère lire ce texte de nombreuses fois encore au cours de l’année. Il reste malheureusement d’actualité, d’autant plus que le débat sur le nucléaire civil français semble s’inscrire au cœur de la campagne présidentielle.
Aurélie Steunou-Guégan
[Visuels : Loïc Risser // Daniel de Roulet // lecture réalisée le 16 novembre 2011 à la galerie agnès b. (Paris). Photographies de Aurélie Steunou-Guégan]
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