Hôtel des Deux Mondes, comédie métaphysique signée Éric-Emmanuel Schmitt
Hôtel des Deux Mondes D’Éric-Emmanuel Schmitt Mise en scène d’Anne Bourgeois Avec Davy Sardou, Jean-Paul Farré, Jean-Jacques Moreau, Michèle Garcia, Odile Cohen, Noémie Elbaz, Günther Vanseveren et Roxane Le Texier Jusqu’au 13 mai 2017 Du mardi au samedi à 21h, matinée le dimanche à 15h Tarifs : de 27 à 45 € (-20 % avec une réservation anticipée) Réservation en ligne Durée : 1h50 Théâtre Rive Gauche M° Edgar Quinet (ligne 6) ou Gaîté (ligne 13) |
Le romancier et dramaturge Éric-Emmanuel Schmitt a écrit une pièce délicieuse sur l’espace irréel et mystérieux entre la vie et la mort. Cinq personnages, dont la vie a basculé par accident, se retrouvent dans l’antichambre de l’existence qu’est le coma. Parce que la vie est un cadeau, l’auteur, le metteur en scène Anne Bourgeois et les six comédiens nous embarquent progressivement dans le mystère de nos rendez-vous manqués et de nos désirs inassouvis. Un ascenseur protégé par des angesC’est par un luxueux ascenseur (décor de Stéfanie Jarre) fortement illuminé et rapide comme l’éclair que l’on débarque dans cet hôtel. Un jeune homme gâté et alcoolique mondain, Davy Sardou, se fait cueillir à sa sortie par deux anges blonds (Günther Vanseveren et Roxane Le Texier) à qui il livre ses interrogations et inquiétudes. Que fait-il là ? Où sont les chambres ? Le comédien, vif et précis, parvient finement, sans caricature, à camper le golden boy roulant trop vite sur une nationale et se prenant un platane, après un dîner trop arrosé. Le coma dans lequel il plonge après son accident lui permet de faire quelques-unes des plus belles rencontres de sa vie. Sachons nous dire “je t’aime” Comme toujours, à l’instar du “Visiteur” mis en scène comme dans ce spectacle par la sensible Anne Bourgeois, l’histoire de ces êtres ordinaires qui nous ressemblent est le prétexte à une fable philosophique. Le Docteur S, interprété avec grâce et gravité par la brune Odile Cohen, possède la tempérance et la droiture d’un Dieu au pouvoir limité par la vie elle-même. Le sage hindou Jean-Paul Farré, paré d’un turban pour conjurer le malheur, le vaniteux chef d’entreprise joué par Jean-Jacques Moreau ou la femme de ménage de Michèle Garcia, bouleversante et solaire, attendent aussi l’heure où l’ascenseur viendra les rechercher pour les ramener sur terre ou les envoyer au ciel de la mort. Coup de foudre amoureux Heureux mortels que nous sommes, semble nous chuchoter à l’oreille l’auteur de la pièce, nous reprochant aussi de ne pas assez savourer la flamme de la vie. C’est l’arrivée d’une jeune femme hospitalisée, Noémie Elbaz, à la vitalité débordante, qui fera basculer le destin des résidents de cet énigmatique hôtel. Acteurs à la diction parfaite et à l’humanité généreuse, mise en scène limpide, propos simple, drôle et pourtant essentiel, le spectacle réjouit par son efficacité et l’émotion théâtrale qu’il réussit à transmettre à un public que l’on sent conquis. Hélène Kuttner [Photos © F. Rappeneau] |
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