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Golgota, un cérémonial à cheval – Rond-Point

21 avril 2014
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Golgota_Rond-Point

Golgota

De Bartabas

Interprété et chorégraphié par Andrés Marin

Avec les musiciens Adrien Mabire, Marc Wolff et Pierre Estorges

Contre-ténor Christian Baska

Jusqu’au 11 mai à 20h30
Le dimanche à 15 h
Relâche les jeudis 20, 21 et 28 avril et 5 mai

Tarifs : de 26€ à 36€

Réservations par tél. au 01 44 95 98 21

Durée : 1h15

Théâtre du Rond-Point
2, bis avenue Franklin Roosevelt
75008 Paris
M° Franklin Roosevelt ou Champs-Elysées Clémenceau

www.theatredurondpoint.fr

 

golgotaJusqu’au 11 mai 2014

Le metteur en scène et écuyer Bartabas investit le plateau du théâtre du Rond-Point avec un spectacle qui réunit art équestre, chant, danse et théâtre. Au cœur de Golgota, le danseur de flamenco Andrés Marin côtoie les chevaux pour un spectacle qui décline cahin caha un cérémonial entre religion et scénographie.

 
Se produire dans une salle de théâtre en y faisant entrer quatre chevaux et un âne est en soi une aventure et crée une étrange atmosphère dans la salle du Rond-Point pourtant habituée à prendre des risques et à proposer de l’inédit. Finalement, cette audace se fond dès les premières minutes dans la mise en scène et se fait oublier au profit du spectacle lui-même que l’on suit tel un tableau majestueux qui invite au silence. Golgota est une  cérémonie de la crucifixion dans la passion espagnole doloriste, dramatique et solennelle. Le danseur Andrés Marin qui est un brillant rénovateur du flamenco se fait quasiment homme-cheval et dialogue corporellement avec Soutine, Le Tintoret, Zurbaran et Horizonte, chevaux domptés au rythme impeccable de la Semaine Sainte. Sur les motets de Tomas Luis de Victoria, compositeur du XVIe siècle, le danseur évolue dans une composition rythmique qui mobilise tout son corps jusqu’au bout de ses doigts qui s’habillent de métal pour se transformer en percussions. Des musiciens, joueurs de luth et cornet, ainsi que le chanteur contre-ténor Christophe Baska, sont sur scène et participent à la déambulation processionnelle entre haut de coiffe, danse des clochettes, voile rouge et couleurs caractéristiques des maîtres de la Renaissance madrilène.

La messe est dite

 Bartabas assurément est ému voire fasciné par les codifications cléricales et la grande mise en scène des événements religieux. La Semaine Sainte est riche pour qui aime cette pompe teintée parfois de morgue. Le clair-obscur, les flammes vacillantes des cierges, la chaise en bois de l’officiant, les échos du charivari médiéval, l’encens, la coiffe inquiétante des pénitents et le rire sardonique du nain, nombreux sont les éléments qui convergent vers l’apogée du calvaire. La beauté et la lenteur se conjuguent, de même que la puissance animale rejoint cet art de la Passion qui jetait dans la crainte les croyants. Ce spectacle d’une tenue cohérente et picturalement réussi choisit de montrer la théâtralité de la religion que la danse semble vouloir parcourir ou épouser, tentant de la rendre charnelle. Pour les passionnés de rituel qui aiment se plonger dans l’esthétisme ecclésiastique, Golgota résonnera comme une prière feutrée. Pour d’autres, cette scénographie révérencieuse et sans plis manquera d’un propos théâtral ou d’une distance critique. Le chemin de Croix y est sans fausse note mais ce spectacle, si ce n’est les chevaux, trouverait sa place sur un autel sans y décoiffer les dévots.

Emilie Darlier-Bournat

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