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Georges Dandin : la lutte des classes d’après Molière

21 novembre 2014
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Georges Dandin

De Molière

Mise en scène de Hervé Pierre

Avec Simon Eine, Catherine Sauval, Alain Lenglet, Jérôme Pouly, Pierre Hancisse, Noam Morgensztern, Claire de La Rüe du Can et Pauline Méreuze

Jusqu’au 1er janvier 2015

Mardi à 19h, du mercredi au samedi à 10h, dimanche à 16h

Tarifs : 9 à 31 €

Réservation au
01 44 39 87 00/01

Durée : 1h30

Théâtre du Vieux Colombier
21, rue du Vieux Colombier
75006 Paris
M° Saint-Sulpice,
Sèvres-Babylone

www.comedie-francaise.fr

Jusqu’au 1er janvier 2015

Brillant comédien français, Hervé Pierre s’est saisi de la force sociale que Molière créa à Versailles en 1668 pour la parachuter au XIXe siècle, à l’époque de Napoléon III et du peintre Courbet. La peinture sociale de lutte des classes est respectée avec sérieux et convenu, au détriment de la cruauté et de la farce.

À trop vouloir s’élever au-dessus de sa condition, on perd la boussole et le monde nous moque, en nous rappelant sans attendre l’origine de notre condition. Georges Dandin, riche paysan qui a voulu s’élever en épousant la fille d’un gentilhomme, Angélique de Sottenville, en fait l’amère expérience. Lorsqu’il s’aperçoit que sa jeune épouse n’en fait réellement qu’à sa tête, recevant au nez et à la barbe de son mari son jeune amant, Dandin s’en plaint à ses beaux-parents, souhaitant rompre le mariage, tandis que tout le monde se rit de lui en l’humiliant cruellement.

George_Dandin_2_c_Christophe_Raynaud_de_Lage_0353Avec ce mariage improbable et grotesque, cocasse et délirant, Molière ravit le public et fit un triomphe. La mise en scène d’Hervé Pierre tire la pièce vers une lutte des classes cohérente, en prenant appui sur la bourgeoisie triomphante du milieu du XIXe siècle, mais du coup affadit considérablement le piquant, la truculence acide et non moins tragique de la pièce. Dans ce décor de bois signé Éric Ruf, la maison de Dandin devient une grange dans la nature et la chambre d’Angélique est perchée comme un nid de cigogne.

Pauvreté de l’habitat, ce qui ne correspond pas forcément au logement d’un paysan parvenu, et tristesse des personnages dont seuls les domestiques, Lubin, interprété par Noam Morgensztern, et Claudine, par Pauline Mereuze, nous amusent. Le couple Sottenville, joué par Catherine Sauval et Alain Langlet, manque de ridicule dans une image trop académique et Angélique (Claire de La Rüe du Can) ressemble à une adolescente délurée et peste à souhait.

Avec sa longue barbe rousse qui lui dévore le visage, Jérôme Pouly ressemble au sculpteur Rodin. Torturé par sa mésalliance, souffrant comme un Christ en croix, incompris de tous, le personnage possède une noirceur à la Dostoïevski qui est sans appel. Aussi russe que Simon Eine qui incarne un Colin fantomatique et grave, ermite dans sa cabane défié par le jeune Clitandre (Pierre Hancisse). Une lecture esthétique et trop sage pour nous émouvoir.

Hélène Kuttner

[Photos © Christophe Raynaud de Lage]

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