George Balanchine – Opéra Garnier
Sérénade (1934), Agon (1957) et Le Fils prodigue (1929). Voici qu’en une soirée, le Ballet de l’Opéra de Paris dévoile l’œuvre éclectique d’un génie de la danse : George Balanchine. Ce triptyque ne serait rien sans les œuvres musicales qui les accompagnent avec réciproquement Tchaïkovski, Stravinski et Prokofiev. Une soirée russe allez-vous penser ? Il n’en est rien, ou presque.
Tout commence pour Balanchine en 1929 à 25 ans lorsqu’il chorégraphie Le Fils prodigue, commande de Serge Diaghilev, alors directeur des Ballets Russes et qui mourra peu de temps après sa création. Balanchine arrive à un moment crucial de l’Histoire de la Danse dont il s’inspirera tout au long de sa carrière. A Garnier ce soir, c’est le premier danseur Emmanuel Thibault et l’Etoile Agnès Letestu qui incarnent le fils et la courtisane, remplaçant au pied levé Jérémie Bélingard et Marie-Agnès Gillot. Au lieu de contempler la sauvagerie d’un fils rebelle et l’arrogance d’une femme fatale, le public doit faire face à l’innocence d’un jeune esseulé et la prestance d’une noble femme. Programmé après l’entracte, ce ballet n’échappe pas à la règle du classicisme et de la narration sans dépasser l’émotion du premier ballet présenté ce soir là, Sérénade.
Vers Le Nouveau Monde
1933 : Balanchine vient d’émigrer aux États-Unis. C’est à New York qu’il crée la School of American Ballet. L’une de ses premières créations est donc Sérénade, poème offert à toutes ballerines. Sur scène, dix-sept danseuses arpentent la scène avec grâce et délicatesse quand soudain, l’une tombe à terre. Elle, c’est ce soir Eleonora Abbagnato qui sera envoutée par l’Etoile Hervé Moreau qui viendra la secourir. Cette chute volontaire marque pour Balanchine le symbole d’un tournant. S’il use d’une chorégraphie classique, la modernité se fait déjà sentir à travers une utilisation de l’espace novatrice parsemée de nouvelles formes artistiques. Aujourd’hui encore, le ballet envoute, en partie grâce à son final qui est une ode à la femme moderne.
Trente ans passent. En 1957, Balanchine et Stravinski ont déjà collaboré de nombreuses fois avant de créer Ago, ballet aux formes géométriques, sorte de « combat dansé ». Le compositeur déstructure la musique tandis que le chorégraphe s’aligne sur l’asymétrie orchestrée. Les pas de trois et les pas de deux font étrangement écho aux comédies musicales naissantes de la même époque. Ce soir, c’est la fraichement nommée Etoile Ludmila Pagliero que l’on remarque au côté de l’autre Etoile Karl Paquette lors d’un pas de deux final abstrait et sensoriel.
Entre Paris et New York, George Balanchine n’a pas arrêté de se rendre dans les deux villes si chères à son cœur, à l’image du chef d’orchestre Fayçal Karoui. Pour cette production, ce dernier dirige l’Orchestre de l’Opéra National de Paris avec confiance, passion et autorité. Une attitude spontanée quand on sait qu’il fut entre 2006 et 2012 le directeur musical du New York City Ballet, fondé en 1948 par George Balanchine lui-même.
Edouard Brane
Twitter : Cinedouard
George Balanchine
Décors et costumes d’après Georges Rouault
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Fayçal Karoui Direction musicale
Du 24 septembre au 18 octobre 2012
Prix des places : 10€, 12€, 25€, 47€, 70€ et 92€
Durée : 2h14 avec 2 entractes
Opéra Garnier
Place de l’Opéra
75009 Paris
M° Opéra
[Crédit : Julien Benhamou / Opéra national de Paris]
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