“Fruits of labor” : Miet Warlop libère des trésors de folies
Fruits of labor De Miet Warlop Avec Miet Warlop, Joppe Tanghe, Wietse Tanghe, Tim Coenen, Seppe Cosyns Les 6 et 7 décembre 2016 Tarifs : 8-15 € Réservation en ligne Durée : 1h La Villette, Grande Halle M° Porte de Pantin (ligne 5) ou Porte de la Villette (ligne 7) |
Les 6 et 7 décembre 2016 Fruits of labor : un concert chorégraphique et théâtral, en mode burlesque mécanisé. Miet Warlop, douce et imprévisible provocatrice, ose avec bonheur (re?)faire le spectacle dont on rêve quand on a 13 ans. Où l’on peut tout imaginer, tout expérimenter. Fruits of labor, revue totalement farfelue, jubile dans une liberté d’esprit absolue. Aussi innocente qu’elle puisse paraître, Miet Warlop, Flamande pur sang, se révèle en meneuse de revue et chanteuse rock au timbre étonnamment granuleux, tour à tour fragile, énergétique ou malicieuse. En gros, Fruits of labor part à la reconquête d’un état d’insouciance, avec un cérémonial de grande malice. Présences rebelles Après des créations basées sur la peinture et le plâtre, Warlop s’entoure ici de musiciens et chanteurs rock. Ensemble, ils savent inventer d’étonnantes machines artisanales servant à chorégraphier un concert underground. Musique, textes et machines ouvrent la voie à des présences scéniques rebelles, où théâtre, danse et performance ne font plus qu’un : toujours chanteurs ou musiciens, toujours bien plus que cela, et surtout totalement trans(disciplinaires). Fruits of labor commence très show, au deuxième voire au quatrième degré, avec Warlop qui se glisse dans une combinaison argentée pour se transformer, de la tête aux pieds, en boule à facettes, pivotant en fond de scène, probablement déjà installée sur la platine qu’on verra tourner plus tard d’une manière assez surréaliste. Ce début étincelant serait placé sous un jour parfaitement artisanal s’il n’y avait pas l’éblouissante perfection des faisceaux, dignes d’une artiste visuelle comme Ann Veronica Janssens, dans ses installations et ses scénographies pour Anne Teresa de Keersmaeker. Libération Au rêve de la scintillante Terpsichore à facettes suivent un passage par les ténèbres de nos peurs collectives et une parodie wagnérienne, façon Crépuscule des dieux. Une belle culture de savoir-mourir sur laquelle Warlop et sa bande de musiciens (Joppe Tanghe, Wietse Tanghe, Tim Coenen, Seppe Cosyns) bâtissent la voie vers une libération partagée avec les spectateurs, la salle restant “allumée” à plusieurs reprises pour mieux intégrer le public dans la cérémonie. Après les ténèbres : lumière, ouverture, liberté. Au centre, un bloc carré en polystyrène, aux dimensions d’un frigo américain, sur lequel on peut se pavaner, mourir, se crucifier avec des baguettes de batteur, venir à bout d’un taureau imaginaire… Et aussi : parodies de flamenco et de derviche tourneur, basketball musical. Inénarrables inventions mécaniques, où des jets d’eau jaunes ou rouges atterrissent dans un tambour de la batterie décomposée. Machines absurdes Fruits of labor se situe dans la bonne tradition flamande et néerlandaise de création d’appareils mécaniques parfaitement absurdes qui n’ont de sens que dans le contexte d’un spectacle précis, rejetant la dictature du tout-utilitaire. Warlop et sa bande vont au bout de leur éloge de l’inutilité, jusque dans le fait de mettre au centre du spectacle le roadie, technicien des concerts de musique amplifiés. Lui seul est ici présenté comme utile, car au service de l’inutile. Voilà qui s’appelle : liberté. Une chose cependant est ici tout sauf inutile, et c’est l’épatante qualité musicale du spectacle. Tout labeur porte des fruits… Thomas Hahn [Photos © Miet Warlop] |
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