Frou-Frou les Bains, une cure de gaieté
Mené tambour battant, le spectacle culte de Patrick Haudecœur est repris dans une mise en scène revisitée avec la même équipe talentueuse. Le résultat théâtral et musical est un divertissement réussi et joyeusement pétillant.
Après un franc succès lors de sa création en 2001, l’auteur a eu envie de redonner à un nouveau public le plaisir de cette parodie d’opérette de la période entre-deux-guerres. Lui-même formidable interprète du rôle savoureux de Baptistin, il a souhaité s’entourer des mêmes comédiens dont la synergie est intacte et pleine d’énergie communicative. Il s’est inspiré de la mise en scène initiale en l’adaptant dans un esprit toujours excentrique, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le divertissement est réussi, les quatre comédiennes et cinq comédiens sont allumés, dynamiques et emportés dans une joie alerte qu’ils transmettent de bout en bout.
L’imbroglio d’intrigues amoureuses se passe dans une station thermale qui attend ses curistes habituels avec impatience. Les aménagements de dernière minute se succèdent, il faut installer au plus vite les parasols, fixer le tableau des clés, mais comble de malchance, la contrariété est extrême quand un incident de plomberie prive d’eau l’établissement. Alors que le directeur et son personnel sont survoltés, la baronne arrive avec son benêt de fils, suivis des célibataires en quête de remise en forme, tout cela sur fond de projets de mariage, de béguins entrecroisés et recherches de bons partis. Chaque personnage a son tempérament déjanté, l’un est franchement empoté, l’autre fait sa cour dans une méprise totale, l’une est comiquement déprimée et l’autre se lâche avec effronterie dès que le Casanova de la brouette se manifeste !
Les musiciens légèrement en hauteur sur le plateau participent avec talent à cette ambiance sans relâche. Les séquences dialoguées alternent avec des chansons que l’ensemble des comédiens entonne avec vivacité. Les couplets célèbres de l’auteur d’opérettes Albert Willemetz s’enchainent autour des séquences de séduction, avec Si vous n’aimez pas ça, Elle est épatante cette petite femme là, ou encore Amusez-vous et Mon homme… Dans le même tempo bien mené, les répliques et les situations fusent et entrent dans d’absurdes collisions. Le plateau se remplit de mouvements toniques au gré des gags multiples. On y sent l’esprit de Feydeau, tout en s’amusant de la parodie des opérettes dans une ambiance grand-guignolesque. La surenchère des événements inattendus réserve une fin où les rebondissements confinent à la folie, que les spectateurs sont invités à partager. Et le tout se pare des brillants costumes de Juliette Chanaud. Ses maillots de bain et peignoirs, ses gilets à rayures et ses robes 1900 ainsi que ses chapeaux aux rubans roses sont les atours soyeux et colorés de cette équipe qui chante et campe avec brio l’excentricité de cette station thermale effervescente.
Emilie Darlier-Bournat
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