Festival June Events et Biennale d’art flamenco 2013
Depuis sept ans, la saison festivalière de l’été s’ouvre à Paris, aux abords du Bois de Vincennes. June Events, dirigé par Carolyn Carlson et Anne Sauvage, est d’une vitalité extraordinaire. Bien sûr, le site avec son ambiance bucolique et conviviale facilite la création d’une ambiance festive. Mais surtout, ne sous-estimons pas la force de l’identité artistique de ce rendez-vous de la danse, où la recherche et le plaisir de danser ne s’excluent pas, mais se fécondent mutuellement. Cela permet de varier les plaisirs, d’un soir à l’autre. Encore faut-il savoir qui représente quoi.
Commençons par les propositions qui s’appuient sur des traditions populaires. La compagnie Via Kathlehong mêle le fameux Gumboots, danse créée par les mineurs, dans leurs habits de travail, dont notamment les bootes en caoutchouc, et le Pantsula, une danse-théâtre aux accents burlesque qui sert d’exutoire pour s’amuser du quotidien difficile dans les Townships. Kathlehong est par ailleurs le nom du deuxième plus grand d’entre eux. Pour son Kathlehong Cabaret, la troupe ébouriffante a invité une chanteuse-chorégraphe qui assure une mise en cabaret envolée.
Vous aimez Riverdance la grande revue de danse irlandaise? Venez découvrir, dans un solo, son héros, l’Irlandais Colin Dunne. A neuf ans, il était consacré champion du monde, pour devenir, plus tard, la figure de proue de Riverdance. Dans Out of Time, il se raconte. A travers la danse, essentiellement, mais pas seulement.
June Events inclut également un volet italien. Et si Guiditta & Oloferne de Simona Bucci est basé sur un vocabulaire de danse contemporaine, la pièce est ardemment empreinte de la référence aux peintres de la Renaissance. L’histoire de Judith qui décapite le général Holopherne ne parle pas du plaisir de bouger, mais de la nécessité. Suspense, excitation et sensualité sont au rendez-vous dans une ambiance profondément italienne. Rome, Florence, Naples… Verone, aussi…
Et le Turin d’aujourd’hui? Il nous envoie Ambra Senatore, cette grande blonde avec son humour finement décalé, ici avec John, pièce dadaïste, ludique et absurde, où les toupies tournent, où le public intervient avec ironie et où les carottes sont sculptées en direct. Et la danse finit par se faire une place dans cette performance qui commence dans un désordre apparent et finit par révéler sa mécanique précise et implacable.
On pourrait dire la même chose du duo „M!M“ de Laurent Chétouane qui raconte une amitié entre hommes. Le choix musical s’est porté sur le concert pour violon et orchestre op. 61 de Beethoven. Ca sent le ballet, mais il n’y a ni entrechats ni arabesques. Le duo, il pourrait s’agir d’un prince et son précepteur, semble pourtant survoler le plateau. Quelque chose dans leurs corps semble vouloir s’élever dans les airs. Le spectateur le ressent d’autant plus que l’absence de sauts dispense les corps du retour sur terre. L’attitude ballet, son focus sur les relations et les émotions sont conservés. On frôle des soupçons d’érotisme. „M!M“ est l’œuvre-phare de la Transfabrik, une coopération entre programmateurs français et allemands dans le but d’augmenter les échanges d’artistes à la pointe de la recherche entre les deux pays.
Et si vous l’aimez techno, réservez pour Grind du Néerlando-Suédois Jefta van Dinther, où les danseurs deviennent des fantômes pour traverser des univers sonores et lumineux tels des paysages industriels, voire dantesques. C’est moins effrayant que la rencontre avec un ovni, mais tout aussi perturbant.
Et si cette année il n’y pas, dans June Events, de création ou reprise de Carlson herself, c’est qu’elle participe à un événement exceptionnel au Théâtre national de Chaillot qui s’offre un festival de flamenco. Et là, un seul soir, nous la verrons dans un duo époustouflant, un dialogue gestuel avec Eva Yerbabuena, la reine du flamenco contemporain. Entre l’esprit aérien de l’Américaine longiligne et le registre compact et tellurique de Yerbabuena, accompagnées de musiciens tout en finesse, portées par une écoute mutuelle, sa développe une poétique au-delà des stéréotypes. Là, vraiment, les grands esprits se rencontrent. Etincelles garanties.
Thomas Hahn
Festival June Events
Du 4 au 19 juin 2013
Renseignements et réservations au 01 417 417 10
www.junevents.fr
A la Cartoucherie de Vincennes
Atelier de Paris, Théâtre du Soleil, Théâtre de l’Aquarium
Biennale d’art flamenco 2013
Carolyn Carlson + Eva Yerbabuena
Kader Attou + Andrés Marín
Le 26 juin 2013
Au Théâtre National de Chaillot
1, place du Trocadéro
75116 Paris
Articles liés
Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...
Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...
“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...