Festival des Petites Formes (D)Cousues 2012 – Point Ephémère
Comme la saison précédente, les projets ont été sélectionnés par Marina Tullio qui signe la programmation d’un festival en deux temps : en amont celui de la création en résidence, offrant aux compagnies un espace de recherche, un lieu de répétitions ; puis celui des représentations publiques où s’épanouit le travail de ces laborantins de la gestuelle du corps. Chacun présentera une courte pièce chorégraphique. Ce qui indexe et rassemble les œuvres de ces artistes ? On peut dire du festival qu’il est international car il accueille certains chorégraphes étrangers mais ce n’est pas la spécificité ; et les artistes sont aussi bien émergents que reconnus sur la scène contemporaine. Les thèmes sont également divers : intergénérationalité, handicap, serial killers, désir homme/femme, machine, réminiscence émotionnelle ; de même que les formes et les disciplines alliant marionnettes, vidéo, tango, par exemple.
Alors ? La différence peut-être, l’originalité de propositions engendrées par une génération du questionnement, du recyclage des références, aujourd’hui où plus que jamais les disciplines se mêlent. Entrelacées, elles murmurent entre elles et nous en écoutons le singulier dialogue.
Ainsi le jeune chorégraphe K-Goldstein s’est enrichi d’abord d’études littéraires et de cinéma avant de renouer avec la danse qu’il pratiquait déjà à l’âge tendre. Après quelques participations comme danseur au sein des grandes machines de la production, il réalise plusieurs films courts où la danse rencontre Jacques Tati et/ou Buster Keaton : Home Sweet Home, Sale Temps, Limits. Après sa première création, Showtime, Folks !, il revient au Point Ephémère pour Dancing Box, entre la performance et la pièce chorégraphique pour 4 danseurs. Le festival s’ouvrira donc avec ce dispositif interactif où sont inextricablement tissés : la vidéo, la musique et le langage du corps.
Inspirée de films SF et d’anticipation comme Equilibrium ou Bienvenu à Gattaca, la Dancing Box est une machine inventée par Eva Newton qui s’adresse au spectateur-visiteur et lui propose de choisir une émotion perdue, éteinte dans le cœur de l’humanité reposant désormais dans un état sans faille, lisse, neutre. Le visiteur est alors placé au centre d’une chorégraphie servie par quatre automates aux corps traversés de projections vidéo qui explorent les manifestations corporelles de la joie, la peur, la sidération ou le désir.
Le chorégraphe et metteur en scène K-Goldstein nous plonge dans une réminiscence originelle, il offre une expérience par une création qui n’est plus frontale mais qui, participative, investit l’espace à 360°. Outre l’interrogation sous-jacente du rôle même de l’interprète soulevée par ce jeu des automates supposés ne rien ressentir et jouer littéralement aux êtres humains, est invoqué le sacré, le banal extraordinaire de nos sentiments galvaudés à grand renfort d’émoticônes et de gimmicks empruntés, vides de sens.
A l’heure où le vampire mercantile se repaît sans vergogne de nos fibres sensibles, ces automates semblent programmés pour ressusciter le trésor perdu de nos émotions pures. La Dancing Box marque une empreinte par la poésie de cette forme de lutte du cœur qui résiste aux assauts du modernisme, du cœur qui se souvient.
Gaëlle Le Scouarnec
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Festival Petites Formes (D)cousues 2012
Du 11 au 18 juin 2012
Réservations : reservation@pointephemere.org
Attention : toutes les places réservées et non payées devront être réglées au minimum 30 minutes avant le début du spectacle.
Compagnie Keatbeck : Dancing Box
Chorégraphe, metteur en scène, danseur : K-Goldstein
Interprètes : Marie Bissuel, Charlotte Bossu, Rossella Bossu, K Goldstein, Christopher Lopez, Ciro Mosell
Vidéo : Judith Grynszpan // Musique : Joe Kick
Lundi 11 juin à 18h30
Mardi 12 juin à 18h30
Point Ephémère
200, quai de Valmy
75010 Paris
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