Festival de l’Imaginaire 2016 : Le monde danse à Paris
Festival de l’Imaginaire Du 2 octobre au 20 décembre 2016 Spectacles danse: entre le 31 octobre et le 27 novembre 2016 Tarifs : 16-22 € Réservation en ligne |
Du 2 octobre au 20 décembre 2016 L’Indonésie, la Tanzanie, la Thaïlande et le Kerala envoient leurs danses traditionnelles et chorégraphes contemporains à Paris, au Festival de l’Imaginaire, fief du patrimoine à préserver et à réinventer. Rencontre avec des traditions populaires où il n’y a pas de frontières entre théâtre, danse, chant et musique. Le Festival de l’Imaginaire créé par Françoise Gründ et Chérif Khaznadar, aujourd’hui dirigé par Arwad Esber, ne permet pas seulement de découvrir des traditions comme les polyphonies et danses des Wagogo de Tanzanie, il crée aussi des événements qui dépaysent, rien que par leurs formes. C’est aujourd’hui la 20e édition du Festival de l’Imaginaire, et la première qui se déploie hors de ses murs habituels du Théâtre de l’Alliance Française. La raison de ce nomadisme est bien sûr d’ordre économique. Mais peut-être est-ce un bien pour un mal. On découvrira donc les ambassadeurs des arts du monde dans des lieux prestigieux et poétiques comme le Théâtre du Soleil, le Musée Dapper ou le Musée du Quai Branly – Jacques Chirac. Autrement dit, on sort d’un contexte neutre pour permettre aux troupes des autres continents de trouver des écrins à leur image. A titre d’exemple, on ne peut rêver meilleur lieu pour « La Grande Nuit du Kutiyattam » que le Théâtre du Soleil. D’une part, l’inspiration asiatique dans la démarche d’Ariane Mnouchkine n’est un secret pour personne. D’autre part, la féerie de l’événement n’y sera que renforcée par la magie des lieux qui valent le détour, à eux tous seuls. Kérala : Une nuit d’exception « La Grande Nuit du Kutiyattam » au Théâtre du Soleil durera de 18h30 à 9h du matin (31 octobre/1er novembre), dans un lieu qui porte en lui le souvenir de tant de troupes de tous les Orients qui y ont été accueillies avec leurs acteurs, danseurs et musiciens. Ce sera l’occasion unique de passer une nuit dans ce temple des sens, et pour certains, la venue de la troupe du KéralaKalamandalam sera peut-être juste un prétexte pour se laisser porter par la magie de ces salles mythiques, pendant une nuit entière. Costumes et maquillage du Kutiyattam allient raffinement et force expressive, pour un théâtre chorégraphique chanté par des hommes et des femmes qui peaufinent leurs gestes à l’extrême. Ce drame concertant, bien sûr accompagné par une troupe de percussionnistes, est la forme de spectacle la plus ancienne encore pratiquée dans le monde, classée chef-d’œuvre du patrimoine immatériel de l’humanité (et tant pis si on connaît chez nous surtout le Kathakali). [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=v0bPagyginw[/embedyt] Le Kutiyattam est un art gestuel et narratif. La troupe du KéralaKalamandalam interprétera entre autres des épisodes du Ramayana, mythe fondateur qui relate les aventures du prince Rama et son épouse Sita, enlevée par le démoniaque roi de Lanka. Mais la nuit sera longue et la troupe donnera aussi des extraits d’une autre épopée, le Subhadradhananjaya. Selon le festival, il n’y a pas eu de spectacle de Kutiyattam à Paris depuis plus de dix ans… Tanzanie : Les Nyati du village de Nziali A peine remis de cette nuit blanche, on découvrira, le 5 novembre, au Musée Dapper les « Polyphonies et Danses des Wagogo ». Ce peuple, qui vit au centre de la Tanzanie, pratique des danses, des polyphonies vocales et un art de la percussion qui ont inspiré György Ligeti, Luciano Berio et Steve Reich. Leurs chants et danses accompagnent des funérailles et des hommages à la pluie, la croissance des cultures, la fertilité des femmes… Danses, chants et musiques sont ici directement liés aux enjeux fondamentaux de la vie. Les six femmes et six hommes sont d’authentiques agriculteurs et éleveurs du clan Nyati du village de Nzali dans la région de Dodoma. Et ils sont également producteurs de bière de maïs! C’est dire qu’ils manquent à leur communauté quand ils s’arrachent à leur travail quotidien pour voyager en europe, comme ici au cours d’une tournée qui les amène à Santander, puis au Musée des Confluences de Lyon (4 novembre), à Paris (5 novembre) et à Genève (6 novembre). [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Ft_kzjp8Zsk[/embedyt] Thaïlande : Un bal Phin Prayuk Evidemment, tout ça donne envie de danser soi-même, et on pourra tenter l’expérience le 9 novembre, au Bal Thaï à La Bellevilloise. Le groupe Dao Phra Suk Sin propose une toute autre façon de se situer dans une tradition. Il présente le Phin Prayuk, un ensemble de musiques liées aux fêtes bouddhiques dans la région de Phetchabun. Un sound system artisanal diffuse une musique festive, où le phin, ce luth traditionnel à trois cordes, est électrifié et accompagné de guitares électriques et batterie rock. L’ensemble est monté sur un chariot et accompagne des cortèges qui se rendent au temple, pour n’arriver qu’au petit matin, puisque les danseurs tentent de ralentir l’avancée le plus possible, histoire d’assouvir au maximum leur soif de décibels et de mouvement. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Bs9OKYdlR9k[/embedyt] A la Bellevilloise, le Phin Prayuk de Phetchabun sera animé par un maître de cérémonie bilingue et commencera à 21h. Jusqu’à quelle heure? Le sound system ira-t-il à la conquête des rues du quartier, pour attirer, comme en Thaïlande, de plus en plus de monde sur son parcours? Indonésie : Danser l’écosystème Eko Supriyanto n’est pas un inconnu en Occident. Le chorégraphe qui pratique les danses de cour javanaises depuis ses sept ans, a étudié la mise en scène et la chorégraphie à l’UCLA de Los Angeles et travaillé avec John Adams et Peter Sellars. Il vient au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac (18 – 27 novembre) avec « Cry Jailolo », une pièce pour sept danseurs qui s’inspire des danses traditionnelles de la région des Moluques. Cette pièce est un exemple de l’engagement du Festival de l’Imaginaire pour les habitants de la planète qui pratiquent et défendent leurs manières de vivre, de chanter, de danser etc., et préservent le patrimoine culturel de l’humanité. Supriyanto s’est ici intéressé à la communauté qui habite la petite baie de Jailolo. Le site attire les plongeurs du monde entier, mais le tourisme de masse et la pêche industrielle menacent son écosystème. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=wq7Wgr-fSwc[/embedyt] De quoi vivront demain les 350 jeunes que Supriyanto a accompagné en dansant et en plongeant avec eux? Pour sa création, le chorégraphe a observé leurs gestes, leurs danses et le mouvement des poissons. « Cry Jailolo » est un hymne aux Sahu, habitants de la baie, et à leur danse traditionnelle, le Legu Salai. Le rythme régulier et solennel des frappes de pied des sept danseurs est traversé par des mouvements plus doux et une invention gestuelle qui entre en dialogue avec le Legu Salai, lui-même inspiré des chorégraphies naturelles des bancs de poissons. Avec subtilité et élégance, « Cry Jailolo » met en gestes et en mouvement le lien social et le respect de l’environnement chez les habitants de ce paradis en danger. Thomas Hahn [Crédits Photo 1 et 4 : © Bernie Ng, courtesy of Esplanade – Theatres on the Bay/ Photo 2 : © Robert Filipuzzi / Photo 3 : © Polo Vallejo] |
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