Emmanuel Patron
Portrait
Emmanuel Patron est comédien. Par le hasard des choses, son parcours théâtral s’est dessiné peu à peu, à force de travail et au gré des rencontres.
C’est par hasard qu’Emmanuel Patron est devenu comédien. Certes, le monde du théâtre l’intéressait déjà depuis longtemps : après le BAC, il fait des études de théâtre et de cinéma et pense alors se lancer dans la décoration ou la scénographie, son grand-père Georges Chaperot et sa sœur Armelle Patron pratiquant déjà eux-mêmes ce dernier métier.
Mais alors qu’il passe le concours de scénographe de la rue Blanche, c’est comme si le hasard, donc, en avait décidé autrement : le metteur en scène qu’il interviewe à cette occasion décide de l’engager pour jouer le rôle du précepteur dans Un mois à la campagne de Tourgueniev. Cette expérience est pour Emmanuel Patron comme une révélation.
Il décide alors d’apprendre le métier d’acteur, suit les cours de Charles Dullin et participe régulièrement à différents stages organisés par Philippe Hottier (Théâtre du soleil), Elisabeth Chailloux, Adel Hakim et Bob Mc Andrew, à New York et à Paris. En 1987, il fonde même sa propre compagnie, le Théâtre Pourpre, mais la compagnie arrête de tourner au bout de trois ans. Il fait ensuite quelques passages à la télévision, notamment dans l’émission Les Nouveaux de Canal +. Mais, en 1993, le hasard fait à nouveau rebondir son parcours théâtral : on lui propose alors de jouer dans Ce qui arrive et ce qu’on attend de Jean-Marie Besset, mise en scène par Patrice Kerbrat. Alors qu’Emmanuel, pour le coup, ne s’y attendait pas, cette pièce marque son entrée dans le circuit du théâtre privé.
Autre coup du hasard, sa rencontre avec Isabelle Nanty. La comédienne l’avait vu jouer dans une représentation des Palmes de Monsieur Schutz de Jean-Noël Fenwick, mise en scène par Gérard Caillaud, représentation après laquelle ils avaient eu l’occasion de discuter. « Isabelle est une personne qui met en acte ses paroles » indique Emmanuel Patron, car, en effet, douze ans plus tard, alors qu’il traverse un période difficile, Isabelle Nanty le propose pour jouer le rôle de Gelidon dans Les Deux canards de Tristan Bernard et Alfred Athis, pièce mise en scène par Alain Sachs, au Théâtre Antoine. « Ce rôle est un des plus grands rôle de théâtre que j’ai pu jouer. Il va me permettre d’ouvrir des horizons plus vastes » précise-t-il
Les Deux canards.
Ce qu’il apprécie dans ce rôle et dans cette pièce, c’est d’une part le comique, l’humour propre aux Deux Canards, d’autre part la liberté de jeu, le côté commedia dell’arte. « Le metteur en scène voulait de nous que nous jouions comme des enfants, mais toutefois sans faire les cancres », plaisante-t-il. Il retrouve alors le plaisir du jeu, plaisir qu’il avait déjà, certes, avec Les Palmes de Monsieur Schutz, mais dans la pièce jouée au Théâtre Antoine le travail du corps est accentué davantage, même le masque est utilisé, à la fin de la pièce. Il se rend compte alors que c’est probablement dans le registre comique qu’il est le plus à l’aise.
Un travailleur laborieux.
Le travail est précisément ce qui caractérise son approche du métier d’acteur. Il se définit comme un artisan laborieux qui affine son jeu au fil de nombreuses de répétitions. « On dégrossit beaucoup sur le plateau. En répétition, je m’autorise à être nul et j’en profite pour explorer tout ce que je peux», précise-t-il. Il a bien des maîtres à penser, tels que Ariane Mnouchkine ou Patrice Chéreau, ou bien des acteurs qu’il admire tout particulièrement tels que Jean Rochefort ou Jean-Pierre Marielle, dont il apprécie le recul, le détachement et l’absence d’affectation de l’interprétation, mais l’inspiration pour son jeu, il la puise surtout dans ses lectures, dans son imagination, dans ce qu’il voit dans la rue.
Alors que la reprise des Deux Canards se termine, Emmanuel Patron paraîtra bientôt dans Sans mentir, une pièce mise en scène par José Paul et qui se produira en tournée dès le mois d’octobre.
Quelles sont vos racines réelles ou imaginaires ?
– La mer.
En quoi aimeriez-vous vous réincarner ?
– En kangourou.
Quelle place tient la fuite du temps dans votre vie ?
– Je n’y pense jamais.
Quelles sont vos obsessions ?
– Ne jamais tomber dans l’ordinaire ni dans la complaisance.
Existe-t-il un mot, un son, une image, une chose absolu ?
– Oui, la famille.
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