Du mariage au divorce – Théâtre National de Strasbourg
Enceinte de huit mois, Léonie ressent les signes avant-coureurs de l’accouchement. Tourmentant son mari sous le regard compatissant de sa mère, elle est soudain mue par l’envie curieuse qu’il mette un pot de chambre sur la tête. Il n’en faut pas plus pour qu’il subisse les railleries de sa compagne, de sa belle-mère et de la sage femme, bien peu commode. Lorsque le beau-père arrive, et que la bonne se joint à eux, tout est réuni pour que Léonie accouche… Quittant la demeure des Toudoux, la seconde pièce se déroule dans le salon du député Ventroux, ce dernier reprochant à sa femme de se promener sans cesse en chemise de nuit, devant leur fils de 13 ans et devant les domestiques. Arrivent l’un de ses rivaux politiques, Hochepaix, et un journaliste du Figaro…
Ecrites toutes deux en 1911 et rassemblées lors de la même soirée, Léonie est en avance et « Mais n’te promène donc pas toute nue », représentent parfaitement le théâtre de Georges Feydeau : mauvaise foi des deux parties du couple, exagération des arguments, souci du qu’en-dira-t-on, peinture au vitriol de la bourgeoisie du début du siècle, il « entretient une distance critique avec la société de son époque […] dans sa manière de l’ausculter, de la regarder, de la tourner en dérision ». Alain Françon, directeur du Théâtre de la Colline de 1996 à 2010 et metteur en scène du quatuor Du mariage au divorce au TNS ne s’y trompe pas en rendant ainsi hommage au dramaturge français dont les pièces restent non seulement exquises, mais d’actualité.
Georges Feydeau est un auteur du point d’exclamation, aussi la difficulté pour les comédiens consiste-t-elle à exagérer les intonations sans surjouer. Pari gagné dans Léonie est en avance et « Mais n’te promène donc pas toute nue » tant la prestation des comédiens colle parfaitement à l’esprit des pièces. Julie Pinod en Léonie est admirable de mauvaise foi, tandis qu’Anne Benoît, en sage-femme traumatisante et Régis Royer en mari très conciliant, s’imposent sur scène. Dans la seconde pièce, Gilles Privat campe un maître d’hôtel que ne renierait pas Nestor dans Tintin tandis que Judith Henry et Eric Elmosnino, le couple Ventroux, s’entredéchirent allègrement pour le bonheur de tous.
Décrivant la réaction des spectateurs aujourd’hui devant les pièces de Georges Feydeau, Alain Françon déclare : « le public est totalement réceptif. Plus que ça, il jubile même ». De jubilation il est effectivement question au Théâtre National de Strasbourg, tant les spectateurs rient aux éclats, se moquant des bourgeois représentés sur scène, mais sans nul doute, également un peu d’eux-mêmes.
Solène Zores
Lire aussi sur Artistik Rezo, Du mariage au divorce au Théâtre Marigny.
Du mariage au divorce – Mais n’te promène donc pas toute nue © Michel Corbou
Du mariage au divorce 2 (Léonie est en avance et “Mais n’te promène donc pas toute nue !”
Deux pièces de Georges Feydeau
Mises en scène par Alain Françon
Avec Julie Pinod, Régis Royer, Judith Henry, Dominique Valadié, Anne Benoit, Gilles Privat, Eric Elmosnino, Philippe Duquesne
Du mardi 28 septembre au dimanche 24 octobre 2010
En semaine à 20h : Du mariage au divorce 1 (On purge Bébé et Feu la mère de Madame) les mardis et mercredis et Du mariage au divorce 2 les jeudis et vendredis
Intégrales du week-end, possiblité de voir les deux spectacles à la suite : les samedis,Du mariage au divorce 1 à 15h et Du mariage au divorce 2 à 20h, les dimanches DU mariage au divorce 1 à 14h30 et Du mariage au divorce 2 à 19h.
Plein tarif : de 16 à 25 €
Etudiants et – 15 ans : 11€
Détenteurs des cartes Culture ou AtoutVoir : 5.5 €
Théâtre National de Strasbourg
1 avenue de la Marseillaise
67000 Strasbourg
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