Dramuscules – Poche Montparnasse
Dramuscules De Thomas Bernhard Mise en scène de Catherine Hiegel Avec Catherine Salviat, Judith Magre et Antony Cochin Du 26 novembre au 9 mars 2013 Tarifs : 10 à 30 euros Réservations par tél. 01.45.44.50.21 Durée : 1h10 Théâtre de Poche-Montparnasse |
Du 26 novembre au 9 mars 2014
Avec une grâce aristocratique, la formidable Judith Magre se paye le luxe de proférer des horreurs racistes mais pour mieux dénoncer le racisme. Avec Catherine Salviat, elle forme un duo irrésistiblement mordant et d’une drôlerie jubilatoire. Ne manquez pas ces deux immenses comédiennes qui transcendent le texte de l’Autrichien Thomas Bernhard sous la houlette de Catherine Hiegel, plutôt inspirée… Thomas Bernhard dans son recueil Dramuscules (contraction de « drames » et « minuscules ») livre un état des lieux sur son Autriche natale qui n’en finit pas de hoqueter ses relents extrémistes d’un passé si loin mais pourtant si proche. L’écriture est précise autant que précipitée, catatonique, syncopée. Comme pour épouser l’insistante bêtise qui anime ses personnages. Car le dramaturge, dont l’existence fut secouée dès la plus tendre enfance par l’hydre nazie, a la dent dure et le verbe cassant, brutal. Trois pièces extraites de ce recueil sont proposées dans ce spectacle. « Un mort » met en scène deux femmes sortant de l’église et qui découvrent, croient-elle, un mort dans du papier d’emballage. Dans « Le Mois de Marie », deux autres femmes se livrent à un commérage en bonne et vile forme sur feu monsieur Geissrathner dont la tombe est en train d’être creusée par le fossoyeur. Enfin dans « Match », une épouse tente d’attirer l’attention de son mari en pleine « footballophilie télévisuelle » pour lui faire entendre sa vision quelque peu xénophobe du monde. Les situations sont d’un grotesque salvateur, d’une drôlerie irrésistible, ce qui permet de ne pas sombrer dans un pathos pâteux qui eut été préjudiciable à la force cinglante du propos. La frénésie de la mise en scène de Catherine Hiegel, notamment dans les intermèdes où les changementsde décors s’effectuent sur de la musique heavy metal, confère à ces situations un zest de surréalisme, tout comme ce phrasé qui fait exploser les carcans de la dialectique et qui, à l’instar d’un Jean-Luc Lagarce, est moins fait pour être lu que joué et assurément bien joué. Mais pour mieux remettre sur les rails de la réalité le triste constat de la haine de l’autre qui anime les personnages, la metteur en scène a imaginé un intermède où l’une des comédiennes cite des phrases profondément racistes pour en faire deviner l’auteur au public.
Franck Bortelle A découvrir sur Artistik Rezo : [Crédits photographiques : Pascal Gely] |
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