Dominici au Théâtre de Paris
Robert Hossein, qui joue les chroniqueurs judiciaires, présence éphémère prolongée tout au long du spectacle par Jean-Paul Solal (le journaliste), nous rappelle que dans la nuit du 4 au 5 août, ils seront assassinés. Les soupçons se portent sur les voisins immédiats et un homme de 75 ans, Gaston Dominici, va finalement être accusé de ce triple meurtre. Le procès débute le 17 novembre 1945. Douze jours après, Gaston Dominici est condamné à mort.
Mais vous, spectateurs du Théâtre de Paris, auriez-vous innocenté Gaston ? L’auriez-vous fait condamner ? Voilà l’enjeu proposé par Robert Hossein : une consultation de tous les spectateurs afin d’apporter une lumière supplémentaire à cette ténébreuse évocation.
On aura noté la détermination du metteur en scène à refaire les procès qui n’ont finalement jamais été résolus. Déjà avec le traitement au théâtre de l’affaire Seznec, Robert Hossein nous confie que cela représente le théâtre qu’il affectionne et revendique.
« Je m’adresse directement à l’opinion publique et vous réagissez en regard de votre vie et de votre expérience. Dans ce procès reconstitué, j’ai voulu l’exacte vérité. Ce n’est pas rassurant l’exacte vérité, surtout dans un procès hallucinant. Les visages de ces gens, de ces comédiens sont l’exacte vérité.. C’est impitoyable, mais c’est vrai », insiste-t-il !
Ce metteur en scène des grandes causes au souffle épique, qui théâtralise les destins, l’empathie, l’humanisme, la liberté, ceux qui sont au cœur de toutes les confrontations, réussit là une œuvre qui fera date. Tant du point de vue de l’iconographie, c’est bien ce que le spectateur voit en tout premier lieu : un tribunal de province, les deux agents de police, hirondelles des années 50, les costumes ruraux comme ceux empruntés des magistrats et de la défense… Tout ce qui concourt ici à un simple voyage dans le temps à la façon dont la caméra de Lorenzi l’explorait, se transforme en jeu de théâtre, un théâtre exigeant, sans faille.
Les comédiens sont d’une précision documentaire qui apporte l’authenticité recherchée. Le texte de Marc Fayet est juste, il a la précision horlogère d’un roman de Simenon où ici le commissaire local, hélas, n’a pas l’envergure du commissaire Maigret.
Quant à parler de Pierre Santini, remarquablement entouré, il présente un jeu qui est remarquable, absolument vrai, juste. Il nous l’a montré dans ce théâtre transformé en chambre d’accusation, en Gaston Dominici outragé dans sa chair de patriarche de la Grand’terre. Santini, reconnaissons-le, est souvent au-dessus de ce que l’on attend d’un comédien !
Patrick DuCome
L’Affaire Dominici
Pièce de Marc Fayet
Mise en Scène : Robert Hossein
Avec : Pierre Santini – Dominique Gould – Pierre Dourlens – Pierre Hossein – Yannick Debain – Vincent Labie – Gérard Boucaron – Géraldin Masquelier – Serge Maillat – Danik Patisson – Jean-paul Solal – Jean Antolinos – Frédéric Anscombre – Maurice Patou – Jenny Bellay – Dominique Roncero – Henri Deus – Luc Florian
Assistante mise en scène : Catherine Gondran
Décor: Christian Vallat
Lumières: Jacques Rouveyrollis – Christian Bréan
Costumes: Martine Mulotte
Jusqu’au 29 juin 2010
Du jeudi au samedi à 20h30, le samedi à 16h30, le dimanche à 15h30.
Représentation exceptionnelle le 29 juin à 20h30
Réservations 01.48.74.25.37 ou sur le site Internet du Théâtre de Paris.
Tarifs : 46 € ; 36 € ; 26 € ; 17 €
Théâtre de Paris
15, Rue Blanche
75009 Paris
Métro Trinité, Blanche ou Saint-Lazare
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