Dom Juan en rock star qui pulvérise l’Odéon
Dom Juan De Molière Mise en scène de Jean-François Sivadier Avec Marc Arnaud, Nicolas bouchaud, Stephen Butel, Vincent Guédon, Lucie Valon et Marie Vialle. Jusqu’au 4 novembre 2016, puis à Lausanne, Nantes, Strasbourg et en 2017 à Grenoble… Du mardi au samedi à 20h, dimanche 15h Tarifs : de 6 à 40 euros Réservation en ligne ou par téléphone au 01 44 85 40 40 Durée : 2h30 Odéon-Théâtre de l’Europe |
Jusqu’au 4 novembre 2016, puis à Lausanne, Nantes, Strasbourg et en 2017 à Grenoble…
Le Théâtre de l’Odéon est un navire théâtral qui aime décidément à se faire chavirer. Le Dom Juan proposé par le metteur en scène Jean-François Sivadier et le comédien Nicolas Bouchaud percute résolument notre actualité par la violence de ses attaques envers le Ciel, Dieu et l’hypocrisie sociale. Dommage que la mise en scène soit encombrée d’une scénographie trop chargée car le texte brûlant de Molière y est clairement donné. Dom Juan pyromane En 1665, moins d’un an après Tartuffe, dont les représentations furent interdites sous pression de l’Eglise, Molière remet le couvert en incarnant Sganarelle, valet, souffre-douleur et faire valoir se son maitre Dom Juan, le coureur de jupons le plus infâme que la terre ait jamais porté. Un concentré de libertinage, de cruauté et de crudité, dans une enveloppe de grand seigneur et de chevalier bravache qui manie le langage avec la même dextérité qu’il brandit son épée. Défiant le ciel, Dieu, les femmes, la fidélité et le respect familial, Dom Juan fait figure de mythe toujours incandescent car il ne cesse d’allumer des feux, de provoquer des défis. Sade et Marvin Gay Des feux, des fausses trappes et des défis d’acrobate, il y en a plein dans ce Dom Juan porté par Nicolas Bouchaud, bête de scène, ébouriffé et félin, qui drague déjà les spectatrices avant de monter sur le plateau. Dans ce capharnaüm de poutres, de boules, de projecteurs et de cordages qu’est la scène, figurant davantage une arène de cirque qu’une clairière, Dom Juan, accompagné de son acolyte inversé Sgnanarelle (Vincent Guédon) sème la tempête après avoir sauvé des vies, aime et invective, viole, jure, déclame les avantages de l’arithmétique sur la superstition divine. Il cite Sade, « La philosophie dans le boudoir » et chante en karaoké « Sexual Healing » de Marvin Gay avant que Sganarelle n’enchaîne sur Georges Brassens. Femmes je vous aime Autour de Dom Juan, figure de projections fantasmatiques, les autres personnages forment une ronde. Sganarelle épuise un discours de bon sens chrétien avec application, Elvire, incarnée par Marie Vialle, se meurt d’amour et de dépit en se traînant jusqu’au couvent, mais les paysannes que Dom Juan affectionne ne semblent pas réelles. C’est sans doute cela qui manque au spectacle, une légèreté, une fantaisie qui existe bien dans les scène de paysans à condition qu’ils soient crédibles. L’archétype, la distanciation brechtienne ne peuvent suffire à susciter l’adhésion. Dom Juan n’est pas seulement un monstre, c’est avant tout un homme terriblement séduisant qui éblouit en premier Sganarelle. C’est au final tout un monde, d’Alceste à Molière, véritable miroir tendu aux spectateurs afin qu’ils y retrouvent des fragments d’eux-mêmes dans cette tragi-comédie qui ne fut jamais imprimée par l’auteur de son vivant. Hélène Kuttner [ Crédit Photos : © Jean-Louis Fernandez] |
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