Des fleurs pour Algernon au Théâtre Hébertot

Une souris de laboratoire subit une opération du cerveau qui accroit son potentiel cognitif. Les chercheurs tentent la même expérience sur un homme au QI très inférieur à la moyenne. L’opération réussit et  Charlie Gordon, avide de savoir, se livre à un combat pacifiste avec la souris dans la découverte de la connaissance. Jusqu’au jour où…

Les affres de la science, même s’ils sont évoqués à demi-mot dans ce formidable spectacle, ne constituent pas l’essentiel du propos. C’est avant tout à une aventure humaine et humaniste que nous sommes conviés. La froideur assez terrifiante du décor avec lumières blafardes de laboratoire d’expérience va permettre un contrepoint efficace avec ce que nous fait partager le personnage unique, constamment cloué sur un fauteuil.

Il en faut, du talent, pour parvenir à hypnotiser une salle de théâtre sans jamais quitter la position assise. Prisonnier d’un fauteuil comme Dominique Pinon dans « Fin de partie » Grégory Gadebois n’a que sa voix pour convaincre. Dans la très belle adaptation de la nouvelle de Daniel Keyes (un best seller au début des années 60), il est tout simplement prodigieux !

En un peu plus d’une heure, le comédien réussit un tour de force. Un cas d’école. L’évolution de jeu induite par l’état du personnage est ici magistralement assumée et assurée, le comédien s’avérant tour à tour terriblement touchant ou d’une crâne insolence selon les périodes de son parcours thérapeutique. Dans cette version un peu dépoussiérée de la nouvelle originale, où s’immiscent aussi de grands moments d’humour, le lauréat d’un Molière et d’un César et sociétaire de la Comédie Française élève son travail au rang de la performance. Immanquable !

Franck Bortelle

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