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Démons : couples au bord de l’enfer

20 septembre 2015
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DEMONS GiovanniCittadiniCesi 001

Démons 

De Lars Noren
Traduction de Louis-Charles Sirjacq

Mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo

Avec Anaïs Demoustier
Romain Duris, Marina Foïs,
Gaspard Ulliel

Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h

Tarifs : de 12 à 38 €

Réservation en ligne
ou au 01 44 95 98 21

Durée : 1h50

Théâtre du Rond-Point
2 bis, av Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

M° Franklin D. Roosevelt ou Champs-Élysées Clémenceau
(lignes 1, 9 et 13)

www.theatredurondpoint.fr

DEMONS GiovanniCittadiniCesi 001 copieEntouré d’acteurs vedettes – Romain Duris, Marina Foïs, Gaspard Ulliel, Anaïs Demoustier –, Marcial Di Fonzo Bo signe au Rond-Point une mise en scène précise et forte de cette tragédie du quotidien de Lars Noren. Âmes sensibles s’abstenir.

DEMONS GiovanniCittadiniCesi 2Une pièce en forme de brûlot

Démons met en scène deux couples qui vont s’entraîner l’un l’autre au désamour et à la déchirure. Frank (Romain Duris) et Katarina (Marina Foïs) vivent bourgeoisement dans un grand appartement, sans enfant, mais leur relation conjugale est autant énigmatique que chaotique. La violence verbale et physique, l’ironie, la moquerie et la méchanceté colorent leurs rapports et leurs dialogues sans qu’on sache exactement de quoi chacun des deux souffre réellement et la nature de leur sincérité. Désœuvrés, pervers, ils invitent leurs voisins, Thomas (Gaspard Ulliel) et Jenna (Anaïs Demoustier) à prendre un verre. Soucieux de surveiller leurs enfants en bas âge en laissant décroché leur téléphone alors qu’ils sont à l’étage supérieur, ils se laissent peu à peu ébranler par la déviance de Frank et de Katarina qui ne cessent de les provoquer et de mettre en pièces leur prétendue harmonie familiale.

DEMONS GiovanniCittadiniCesi 3Sexualité et fantastique

“Tu vois… j’ai finalement découvert qu’on pouvait baiser par amour et qu’on pouvait baiser sans amour… je veux dire, baiser avec toi sans amour, ce que j’ai fait ces dernières semaines… C’est une expérience terrifiante… comme d’arriver au crépuscule dans un endroit qui vient d’être ravagé par la guerre, et on compte les cadavres. C’est comme coucher avec un cadavre”, dit Frank à Katarina.
Épousant ces allers-retours permanents entre réalisme et fantastique, le quotidien et la folie, Marcial Di Fonzo Bo installe ses acteurs dans une boîte blanche totalement ouverte sur un décor noir, dans des espaces en forme de pièces qui ne déboucheraient que sur le vide. Judicieuse scénographie qui tourne subtilement sur elle-même (Yves Bernard), éclairée de manière cinématographique et qui tranche toute tendance à un réalisme trop banal, trop télévisuel. Le théâtre, ici, plonge au cœur des névroses en dénudant les corps.

DEMONS GiovanniCittadiniCesi 4Jeu d’acteurs éblouissant

Pour interpréter ces personnages monstrueux ou brisés, un quatuor d’acteurs en or se saisit du plateau. Romain Duris, beau gosse à moustache dans un costume cintré, est éblouissant de présence dans sa composition de macho pervers à la sexualité ambivalente. Sauvage et mutique, Marina Foïs trottine, égarée et moulée dans des robes hyper sexys, à la recherche d’un amour impossible que ni Gaspard Ulliel, dans une composition de jeune époux coincé et gauche, ni Anaïs Demoustier, touchante en mère de famille castratrice et angoissée, ne peuvent satisfaire. Chacun d’eux y va de sa vérité d’acteur en construisant dans cette scénographie hors du temps, mouvante, une boule d’affects en fusion. C’est assez magnifique.

Hélène Kuttner

[Photos © Giovanni Cittadini Cesi]

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