Dans la peau du Penseur de Rodin
Jean-Baptiste Seckler EST Rodin. Définitivement. Chaque geste, chaque mot, chaque regard nous rapproche du maître qu’il nous révèle dans toute son humanité, avec ses failles, ses questionnements, ses ambitions mais aussi tiraillé dans son amour pour Camille Claudel. Une interprétation juste à travers un choix de textes pertinents. Entretien.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous glisser dans la peau de Rodin ?
Étant dessinateur et sculpteur depuis 25 ans, ainsi que comédien depuis 10 ans, et cherchant à me produire dans un premier seul en scène, ma compagne, Sakho Goumane (Delys Production ), m’a dit : « Et pourquoi pas Rodin ? »
Inspiré par Rodin lors depuis tout jeune, je connaissais toutes ses œuvres… Mais pas ses mots !
J’ai donc décidé de dévorer ses entretiens, correspondances et biographies pour m’apercevoir que l’homme est un poète philosophe et spirituel doté d’une plume flamboyante. Tout y est, dessin, sculpture, comédie et une pensée sublime sur la nature et l’utilité de l’artiste qu’il me tarde de partager…
Quel est votre rapport à la sculpture et au maître ?
Je suis un amoureux des visages et j’aime à représenter ce que Auguste Rodin appelle « le caractère et l’expression ». J’aime à dessiner également les corps en mouvement, cherchant la vie sous mon crayon. Voilà précisément ce qui nous lie, Auguste et moi, l’amour de l’humain, la conscience d’une beauté palpable à chaque instant.
Comment est né ce projet d’écrire un monologue ?
De l’envie de dire ces mots profonds et sensibles que j’ai eu tant de plaisir à découvrir. L’envie de passer ce message de paix, de recherche du bonheur au quotidien à travers l’observation de la nature.
La sélection des textes est magnifique et émouvante. Comment avez-vous travaillé ?
J’ai du faire des choix, une sélection en fonction de ce qui me touchais le plus. J’ai donc rassemblé de manière chrono-thématique toutes les pensées les plus proches de ma sensibilité afin de rester vrai et sincère à chaque moment du spectacle.
Vous dressez le portrait d’un homme touchant, humain, sensible, bien loin de l’image de l’homme ambitieux qui aurait broyé Camille Claudel. Vous démontez donc un cliché ?
Je n’oppose pas ces deux formidables artistes. Rodin à aimé Camille Claudel jusqu’à sa mort, mais il a décidé d’aimer encore d’avantage sa mission en ce monde et son œuvre !
Il était conscient du talent hors du commun de Camille et il a tout fait pour l’aider et la mettre en avant. Je pense que Camille a souffert d’une mère abominable, d’une époque machiste et du fait que Rodin ne veuille pas quitter « sa femme », Rose Beuret avec qui il vivait.
Comment avez-vous travaillé ce rôle pour l’incarner au mieux ?
J’ai cherché la vérité, à rester moi-même puisque je défendais des mots avec lesquels j’étais d’accord.
La justesse du rôle tient aussi au fait que lorsque vous dessinez ou lorsque vous modelez sur scène, vous ne trichez pas. Vous-même, vous maitrisez cet art. Pourriez-vous raconter ?
Je suis passé par les mêmes étapes que Rodin : le modelage, le moulage, la reproduction en plâtre ou en bronze… J’ai passé la moitié de ma vie dans un atelier, je connais donc mon sujet et en effet je n’ai donc pas besoin de tricher.
Est-ce que vous avez compris certaines choses de l’artiste que les historiens n’ont pas pointé ?
Oui ! Je pense que son art de vivre, sa philosophie, « son secret du bonheur », devrait être lu, entendu, enseigner au plus grand nombre car en effet, il détenait les clés de la paix, de l’amour et du respect de la nature. Sa pensée m’a fait grandir, m’affirmer et mûrir en tant qu’homme. Je suis plus heureux depuis que j’ai lu les mots du « Penseur ».
Est-ce que Rodin vous hante ?
Oui, il est là, bienveillant, vivant dans chaque fleur, dans chaque arbre et dans chaque nuage.
Propos recueillis par Stéphanie Pioda
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