Dans la Jungle des Villes au coeur de La Tempête
Dans la jungle des villes est une pièce de jeunesse de Bertolt Brecht, elle nous fait découvrir le célèbre auteur allemand sous un angle peu connu, il évoque Rimbaud par certains aspects, l’esprit de la pièce vogue entre vagabondage furieux et anarchique que Brecht agrémente avec un regard politique sur une société industrielle qu’il est loin d’admirer. Le public se retrouve au coeur de cette jungle sous des baobabs de félonie, des pins de cupidité, des eucalyptus pervers qui abritent une faune nauséabonde qui tente de se hisser au sommet de la canopée pour y faire pourrir la forêt encore vierge. Le texte de Brecht ne décrit pas avec prophétie une actualité brûlante, il fait état de la pauvreté des classes ouvrières du début du siècle; le prisme qu’utilise Brecht pour braquer notre regard sur la strate inférieure de la société américaine décompose l’image en plusieurs rayons de lumière éclairant ainsi tour à tour des histoires de sexe, d’argent et de famille. Le programme s’annonce complexe.
La mise en scène de Clément Poirée est intelligente et réussie. Elle donne au spectateur les clefs de la machine et le guide avec précision et clarté vers les instants mémorables à capter. Le spectateur devient ainsi le réalisateur d’un film qui se joue sous ses yeux, il lui suffit alors de placer la caméra pour fixer sur la pellicule cette histoire qu’il est en train de contempler.
Malgré un jeu d’acteur parfois massif, trop pesant et corpulent le public reste captiver par une scénographie intéressante d’Erwan Creff qui révèle au public un travail à l’opposé de soporifique passionnant et plein de justesse. Il met en valeur le charisme et la précision des acteurs jouant ainsi sur toutes les cordes de la sensibilité que le sujet propose. Marie Garga interprétée par Laure Calamy apporte une véritable fraîcheur, elle est en permanence en train de réinventer et de se différencier de ses comparses pour souffler sur la pièce un vent frais qui emporte la tragédie avec un glamour délicat qui lui est propre. George Garga joué par Bruno Blairet est à tour de rôle émouvant et charismatique, il se révèle aussi intrigant braquant le projecteur sur lui même pour le plus grand plaisir des spectateurs qui n’attendent que ça.
Cette pièce offre un agréable divertissement naviguant entre drame sociale et politique, elle apparaît comme essentielle malgré des défauts de jeu sans nul doute dus à des réglages nécessaires.
François Slama
Dans la jungle des villes
De Bertolt Brecht,
traduction de Stéphane Braunschweig,
mise en scène de Clément Poirée,
du 8 mai au 9 juin 2009,
mardi, mercredi, vendredi, samedi 19h30 dimanche 16h
Théâtre de La Tempête,
Cartoucherie 75012 Paris Tél : 01 43 28 36 36 www.la-tempete.fr
Tarifs :
plein Tarifs 18€
tarifs réduits 13€ et 10€
mercredi tarifs unique 10€
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