0 Shares 2389 Views

Dans BRONX, Francis Huster seul en scène

Nous ramenant dans le Bronx des années 60, Chazz Palminteri retrace le cheminement d’un gamin tiraillé entre le monde de la mafia et sa famille, à travers un récit riche en rebondissements que Francis Huster nous fait vivre au Poche Montparnasse avec une remarquable intensité.

La pièce autobiographique écrite par Chazz Palminteri est un petit bijou auquel personne n’a résisté, surtout pas Robert de Niro qui l’adapte au cinéma. En 1993, son « Il était une fois le Bronx » contribue à populariser l’histoire de Cologio, un jeune garçon témoin d’un meurtre mais refusant d’en dénoncer l’auteur, qu’il connait et qui le fascine. Sunny, le maffieux responsable du crime, chef de bande particulièrement puissant, prend alors le gamin sous son aile, le traite comme un fils, au grand dam de son père, chauffeur de bus italien, très à cheval sur les principes, ayant toujours refusé de se compromettre avec ses compatriotes vivant dans la facilité et la délinquance. Cologio sera alors partagé entre ces deux hommes jusqu’à ce que le destin vienne régler cet étrange conflit de paternité.

Les deux éléments constitutifs d’un inoubliable moment de théâtre sont ici réunis. D’une part, un texte brillant, imagé, plein d’humour, décrivant parfaitement le milieu des malfrats italiens, insistant sur le personnage principal, le truculent Sunny, capo di tutti capi. L’argent qui coule à flot, le respect et surtout la crainte qu’il inspire ne peuvent qu’éblouir son protégé, issu d’un milieu où l’argent manque cruellement. Au contact de ce père adoptif, il apprend que les ouvriers, comme son paternel, acceptant de tirer le diable par la queue, sont des tocards. Comme par enchantement, tout ce qui était compliqué devient d’une facilité déconcertante grâce à la protection soudaine dont il bénéficie. L’entourage du caïd, servile à souhait, à la fois sauvage pour la concurrence et fraternel avec les affidés, fait partie de son nouveau monde. Pour incarner ces personnages, il fallait, d’autre part, un acteur hors pair, capable de jongler avec les différents rôles, en donnant vie à ces figures diverses et hautes en couleurs, pouvant passer très vite du rire aux armes !

Bronx – Francis Huster © Brigitte Enguernad

Francis Huster, avec cette facilité qui caractérise les très grands, campe magistralement les acteurs du drame, tout en recréant l’ambiance toujours tendue et atypique d’une banlieue gangrénée par la pègre où règne le droit du plus fort. Un geste, une pose, une intonation et il nous offre sur la petite scène intimiste du Poche Montparnasse toute la richesse du texte adapté par Alexia Perimony, mis en scène par Steve Suissa qui sait parfaitement illustrer ce récit par de délicates touches sonores ou lumineuses. Francis Huster porte son art à des niveaux insoupçonnés et nous plonge, avec une infinie délicatesse, dans ce monde de brutes d’où nous ressortons submergés de sensations et d’émotions.

Philippe Escalier

Articles liés

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
43 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...

“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Agenda
49 vues

“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes

Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman,  Sanson,...

La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Agenda
63 vues

La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point

Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...