“Fission” : compte à rebours explosif
Fission De Jacques et Olivier Treiner Mise en scène de Vincent Debost Avec Romain Berger, Benoît Di Marco, Christian François, Alexandre Lachaux, Stéphane Lara et Marie-Paule Sirvent Du mercredi au vendredi à 21h, dimanche à 17h Tarifs : de 10 à 20 € Réservation en ligne Durée : 1h15 Théâtre de la Reine Blanche M° La Chapelle |
Comment définir la responsabilité des scientifiques face aux inventions qu’ils génèrent ? Comment est née la bombe atomique ? Où étaient les pères de la bombe, éminents scientifiques allemands, durant la Deuxième Guerre mondiale ? Olivier et Jacques Treiner proposent un huis clos théâtral fulgurant d’intelligence et de pédagogie à la Reine Blanche pour comprendre ces enjeux capitaux.
La terre tremble Nous sommes à Cambridge en 1945, dans un confortable manoir nommé Farm Hall. Tenus au secret par les autorités des Alliés, dix des plus grands scientifiques allemands qui ont participé à l’élaboration du programme nucléaire allemand sont enfermés dans ces murs alors que leurs conversations sont enregistrées. Parmi eux, Werner Heisenberg qui a dirigé les opérations du programme nucléaire allemand, Walter Gerlach, délégué plénipotentiaire, Otto Hahn, père de la chimie nucléaire, et Carl Friedrich von Weizäcker, auteur d’un rapport militaire sur les possibilités de production d’énergie à partir d’uranium raffiné et de plutonium. Olivier Treiner, scénariste, et Jacques Treiner, physicien et professeur à Sciences Po, ont reconstitué ce moment historique pendant lequel cette poignée d’hommes, la crème de la science allemande, va apprendre la terrifiante nouvelle de l’explosion de la bombe américaine sur Hiroshima le 6 août 1945. Un huis clos efficace Le metteur en scène Vincent Debost a réuni des acteurs percutants, Romain Berger (Teller, père de la bombe H, qui quittera l’Allemagne après l’arrivée au pouvoir d’Hitler), Benoît Di Marco (Weizsäcker), Christian François (Hahn), Alexandre Lachaux (Heisenberg) et Stéphane Lara (Gerlach), pour incarner dans le vif du sujet ces hommes qui oscillent entre vérité et mensonge, bonne et mauvaise conscience, se sachant épiés. Marie-Paule Sirvent joue Lise Meitner, une physicienne juive allemande dont la collaboration a été essentielle dans la découverte de la fission nucléaire, exilée en Suède pour fuir les nazis. Lumières crépusculaires, bande-son haletante, les acteurs nous propulsent dans des moments clés de l’histoire mondiale : dans les années 1930, au moment où on découvre le phénomène de la fission nucléaire, puis après la guerre, alors que chacun des protagonistes s’implique dans le monde faussement pacifié de la Guerre Froide, puis le 6 août 1945, quand ils s’aperçoivent que les Américains les ont doublés mais que les conséquences de l’explosion d’une telle bombe sont terrifiantes avec plus de 100 000 morts et une contamination fatale. Un spectacle qui percute l’actualité Que faire des progrès scientifiques ? Pour qui travaillent les laboratoires de physique ? À quoi servent les robots ? Où en est-on des manipulations chimiques, biologiques et génétiques ? Ce sont les quelques questions que nous posent les auteurs avec ce moment historique vécu comme une métaphore du réel. Car la créature échappe bien souvent à son auteur. Albert Einstein, pacifiste et exilé aux États-Unis, en avait fait les frais. Il est toujours extrêmement complexe pour un scientifique de faire abstraction de sa patrie et des enjeux stratégiques et environnementaux qui peuvent découler de sa recherche. La fission de l’atome a produit l’énergie que nous utilisons aujourd’hui. Elle a aussi déjà provoqué deux catastrophes inédites avec Hiroshima et Nagasaki. Hélène Kuttner |
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