0 Shares 1388 Views

Crepapelle au Théâtre du Rond-Point

24 septembre 2009
1388 Vues
8317_crepapelle_BrigitteEnguerand

 

La florentine Maria Cassi est amoureuse. Elle aime un Paris perçu élégant, courtois et classe… Avec Crepapelle, il semble qu’elle veuille nous éclairer de son amour pour Paris, et ce en jouant sur les comparaisons. Florence serait un grossier mari qui lasse tandis que Paris serait l’amant délicat, l’homme aux charmes impénétrables et délicieux. Filant la métaphore de long en large de la scène, elle se déploie dans cette bipolarité à coups de mots, de grognements et de gestes fous.

Le chic de Paris en opposition à la grossièreté des florentins, pourquoi pas ? Il reste que Maria Cassi passe à côté de ce qu’il y a de réellement poétique et d’essentiel à Paris, et qu’elle se leurre franchement lorsqu’elle rend grâce à la qualité d’accueil des parisiens. On dit que l’amour rend aveugle mais tout de même, il est de réputation internationale que si Paris est une ville magnifique, les parisiens quant à eux ne peuvent l’être pour leurs sourires. On comprend donc que la salle ne puisse rire qu’un temps devant des sketches presque exclusivement fondés sur cette observation erronée. Pour nous faire rire de l’esprit parisien, on se dit donc qu’elle aurait mieux fait de jeter un œil sur les publicités du journal Le Parisien qui ont l’avantage de caricaturer l’habitant dans le bon sens.

Pour ce qui est de la performance, elle y est ! Et l’on ne peut que constater les qualités farcesques d’une comédienne qui fait montre d’une énergie délirante. Mais sur ce plan là, elle pêche néanmoins car on regrette que sur une thématique trop vide, Maria Cassi déborde d’une expression excessive. Certes, de ses grimaces à la Courtemanche à ses cris étranges en passant par un jeu de jambes tourbillonnant, elle n’arrête pas et se donne par tous les moyens. Sauf que l’on comprend mal le visage emprunté à une italienne criarde et vulgaire à force de se caresser les seins et le sexe, et son jeu de sortie de langue agitée en boucle que les femmes de l’assistance ne pourront certes pas oublier ! De sa prestation, il ne reste au final que son épuisante hyperactivité qui témoigne de son incapacité à contenir quelques secondes son énergie pour nous la sublimer en poésie.

On déplore que le génie scénique de Maria Cassi se soit perdu dans un Crepapelle de peu de fond et de trop de gestes. Un show décevant qui ne tient pas ses promesses puisqu’il ne fait pas rire bien longtemps.

Christine Sanchez
.

De et par Maria Cassi
production Compagnia Maria Cassi / Teatro del Sale – Florence
coréalisation Théâtre du Rond-Point

Du 16 septembre au 17 octobre 2009 à 21 h 00
Réservation : 01 44 95 98 21
Tarifs : de 10 à 30 euros

Théâtre du Rond-Point – Salle Roland Topor
2bis Avenue Franklin Roosevelt
75 008 Paris – Metro Franklin Roosevelt

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
69 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
86 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
107 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...