Compagnie Kafig – tournée
La Compagnie Kafig est une troupe jeune, dynamique, dévorant l’espace scénique avec ardeur. Le spectacle se sépare en deux parties indépendantes.
Le premier spectacle (Correria), d’une trentaine de minutes, a été créé cette année. Dix danseurs brésiliens, d’une vingtaine d’années, présentent un hip-hop doux mais puissant. Influencé par la capoeira, leur danse fait effleurer sur le sol leurs corps musclés et vigoureux. La gestion des couleurs et de l’éclairage est excellente. Souvent de coté, elle met en valeur un champ d’ombre s’étalant sur toute la scène. L’usage de la vidéo, très ponctuel, aide au dépaysement : emporté dans des scènes rythmées, la musique brésilienne fait divaguer l’imagination, qui s’expatrie volontiers vers des villes lointaines et chaudes.
La pression monte lors de la seconde partie. Plus sûr, plus assuré, Agwa, nom de ce spectacle créé en 2008, signifie eau. En ajoutant un message écologique, le ballet devient une onde souple et fantastique. Munis de simples gobelets, les danseurs s’agitent et se dispersent comme la mousson, pluie infinie précipitée. Très prenante, la cadence ne s’essouffle jamais. Accompagnée d’une musique toujours plus présente et puissante, la chorégraphie offre beaucoup de liberté et d’ardeur aux « agiteurs » d’espace.
Ce que l’on retient de cette heure de spectacle est un dynamisme fou, des danses très proches du corps, s’exprimant avec beaucoup de poésie. Mourad Merzouki nous offre un déluge de mouvements rythmés et très expressifs. L’énergie dépensée par les danseurs est telle que le public se retrouve lui-même essoufflé à la fin du spectacle. Si le premier spectacle sent encore la fragilité, le second est irréprochable. Le seul bémol pourrait être la durée limitée de l’ensemble.
Pour celles et ceux qui ne sont pas convaincus du bien fait du hip-hop, ce spectacle prouve que ce genre peut être complexe et varié. La lumière utilisée avec simplicité s’exprime au travers de corps vigoureux. Un spectacle étonnant, chatoyant et lumineux.
Les « agiteurs » d’espace de la Compagnie Kafig nous font ressentir une soif vitale et juvénile.
Jules Le Fèvre
Compagnie Kafig
Chorégraphe : Mourad Merzouki
Théatre National de Chaillot
Plus d’information sur la tournée sur le site de la compagnie.
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