Cloud Gate Dance Theatre : la rizière comme champ chorégraphique
Rice Du 21 au 24 avril 2016 Tarifs : de 1 à 35 € Théâtre de la Ville M° Châtelet www.theatredelaville-paris.com
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Du 21 au 24 avril 2016
Le Cloud Gate Dance Theatre de Taïwan fait partie des troupes mythiques de notre temps. Son fondateur Lin Hwai-min éblouit avec des spectacles sobres et somptueux à la fois, singulièrement esthétiques et profondément philosophiques. Avec une affiche de 24 danseurs, Rice évoque la beauté éternelle d’une communion entre l’homme et la nature, forte d’un esprit contemporain et pourtant résolument poétique. En consacrant cette pièce maîtresse, conçue pour fêter les 40 ans du Cloud Gate, à la plante qui est la source de toute vie en Asie, Lin Hwai-min n’entend pas parler alimentation. Rice voit nettement au-delà du bol de riz quotidien. En arrière-plan, les images d’un immense champ bercent la danse, alors que les danseurs incarnent les pousses de riz, le vent, l’eau et le feu. Les images filmées par Chang Hao-jan, dit Howell, sont sublimes. La haute résolution révèle chaque détail qu’un promeneur passant par hasard ne remarquerait même pas. Mais surtout, on passe par le cycle des saisons et des quatre temps de la culture du riz. Le voyage dans le temps commence par les jeunes pousses et va jusqu’à l’incinération des résidus. Aussi, cette allégorie en accéléré parle du cycle de la nature, de la vie et de la mort, de l’éternel recommencement et de l’avenir de l’humanité. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=MkPdZQ6Onq4[/embedyt] Et même si la beauté des plans-séquences ne parlera qu’aux experts, il est important, surtout pour les Taïwanais eux-mêmes, que Lin Hwai-min ait choisi pour le tournage un champ où les paysans sont passés d’une agriculture industrielle aux méthodes durables. Car Lin Hwai-min est, à sa façon, un chorégraphe engagé, malgré la douceur de ses symphonies chorégraphiques. La spiritualité et la sobriété de ses réalisations interdisent a priori l’intégration de médias technologiques. C’est pourquoi il n’intègre ici les images qu’à condition qu’elles célèbrent la vie, et cette idée est en harmonie absolue avec le message planétaire qu’il avait livré à l’occasion de la Journée internationale de la danse 2013 : “À cette époque digitale, les images des mouvements peuvent prendre des millions de formes. Elles sont fascinantes. Mais elles ne peuvent pas remplacer la danse car les images ne respirent pas. La danse est une célébration de la vie.” [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=sARwGX7fA8k[/embedyt] L’honneur qui lui fut fait récompensa l’œuvre de sa vie, qui le place à la même hauteur que des chorégraphes comme Pina Bausch, Anne-Teresa de Keersmaeker, Béjart et autre UhioAmagatsu (SankaiJuku). Aussi, il est en mesure de mettre en quelques mots l’essence de la danse comme pratique et comme forme artistique : “La danse est une expression puissante. Elle parle à la terre et au ciel. Elle parle de nos joies, nos peurs et nos désirs. La danse parle de l’intangible.” Ce message est universel, et Rice en reprend le flambeau, dans un équilibre parfait entre les traditions et la modernité, entre l’Asie et l’humanité dans son ensemble. Interprétée par 24 jeunes danseurs contemporains, Rice est une pièce tournée vers l’avenir. Son sens de l’équilibre se reflète aussi dans les musiques, qui alternent entre tambours traditionnels et Saint-Saëns, Mahler et Bellini. Tout est donc prévu pour une élévation de nos sens et de nos consciences. Thomas Hahn [Photos © Yu] |
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