Christophe Honoré écrit la fin de l’histoire à la Colline
La Fin de l’Histoire De et mise en scène de Avec Jean-Charles Clichet, Sébastien Eveno, Julien Honoré, Erwan Ha Kyoon Larcher, Élise Lhommeau, Annie Mercier, Mathieu Saccuci et Marlène Saldana Du mercredi au samedi à 20h30, mardi à 19h30, dimanche à 15h30 Tarifs : de 9 à 29 € Réservation en ligne Durée : 2h45 La Colline M° Gambetta |
Au Théâtre de la Colline, le cinéaste et metteur en scène Christophe Honoré se saisit de l’œuvre du Polonais Gombrovitz pour imaginer une famille dont le héros, Witold, tente désespérément de s’inscrire dans l’Histoire. Un hommage à la fantaisie du grand écrivain qui pèche par trop d’emphase.
Dans la gare de Varsovie La pièce commence de manière très drôle. Le décor imposant est celui du hall immense de la gare de Varsovie où Witold, double de l’écrivain, entouré de toute sa famille, joue à chat avec le réel et l’époque qui est la sienne. Nous sommes à l’été 1939, à la veille de l’intervention allemande, et autour d’Erwan Ha Kyoon Larcher, jeune danseur à l’allure d’ephèbe qui incarne le héros, les comédiens, tous très bons, s’amusent à jouer une situation de faux boulevard avec une mère catholique et sensuellement rigide, Annie Mercier, un père éructant des ordres, Jean-Charles Clichet, et des frères et une sœur compatissants ou féroces incarnés par Sébastien Eveno, Julien Honoré et la truculente Marlène Saldana qui domine la scène dans une envolée totalement hystérique et déjantée. Marionnettes politiques Le spectacle se corse avec une parodie historico-politique qui vient se greffer sur les membres de la petite famille. Apparaissent ainsi les clones de Mussolini, Daladier, Staline, Hitler et Edvard Benès qui viennent parachever les statues d’adultes ridicules se partageant le monde sous des moustaches de dictateurs. Micros et discours à la Groucho Marx, délires qui dépassent la vérité historique pour se placer au-delà de l’histoire, dans une hypothétique issue libératrice. Et s’il n’y avait pas eu de Deuxième Guerre mondiale ? Les acteurs s’amusent avec le Grand-Guignol en lançant des pieds de nez douteux à la tragédie sous les auspices de Fukuyama et de sa Fin de l’Histoire. Sur le banc des philosophes Suit une leçon de philosophie historique menée tour à tour par Hegel, Marx, Kojève et Derrida qui doivent nous aider à trouver une place dans l’histoire. Witold, le héros, avec son petit ami le fils du concierge et sa fiancée Krysia sont-ils atteints par ce propos de fin de siècle ? On en doute, à contempler leur ironie adolescente et irrespectueuse, comme une liberté suprême de l’individu sur l’idéologie. Une chose est sûre : ce trop-plein d’images et de concepts, trop complaisants, nous donne sacrément envie de plonger dans les écrits fantaisistes de Gombrowicz qui fut longtemps censuré en Pologne. Hélène Kuttner [Photos © Jean-Louis Fernandez] |
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