Christophe Alévêque – Théâtre du Rond-Point
Il est sacrément grinçant cet Alévêque, sacrément énervant, depuis le temps que sa musique lancinante grippe la machine huilée de notre quotidien.
Chroniqueur chez Ruquier, il a habitué le grand public à ses fustigations de fumistes, à son ras-le-bol bacrien. On s’attend donc, saperlipopette, à ne pas rentrer dans son jeu de VRP cocaïné. Et pourtant.. Et pourtant… rien n’y fait. Devant ces gesticulations, ces pantalonnades de mauvaise foi, un coin de la bouche se relève, le deuxième aussi, on jappe malgré soi à une pointe particulièrement salée. Le bonhomme a bien lu son « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, tout passe à la moulinette de sa prose mitraillette. Il effeuille le journal comme une marguerite empoisonnée et sulfate la gauche, la droite, la guerre, les épidémies, la pédophilie, les infanticides… Le fait divers devient aphorisme percutant et bien senti. Alévêque insulte aussi copieusement son orchestre, très « music-hall » qui coin-cointe de temps en temps pour souligner la pensée du polémiqueur.
Poings forts
Ce qui caractérise cette production, outre le personnage en roue-libre que présente l’artiste, c’est l’improvisation quotidienne, qui colle à l’actualité du jour : on ne verra donc jamais totalement le même spectacle. Il y a aussi cette prouesse de savoir manier la salle comme personne, à la limite de l’incorrection : Au moment où on expire violemment, juste après le crochet du droit, Alévêque nous caresse dans le sens du poil. Une excellente rythmique, un furieux jeu de jambes, et quelques rounds plus tard, notre boxeur s’inclut dans le combat et se bourre de punchlines. Que Guillon nous pardonne, mais il n’a jamais excellé à cette auto-critique. Enfin, dernier fait d’arme impressionnant : Alévêque nous permet de rentrer à l’heure pour le JT, avec la perspective de continuer à rire encore, devant l’écran, de ces « monstrueuses actualités ».
Mathilde de Beaune
Les Monstrueuses Actualités
De et avec Christophe Alévêque
Accordéon et cor : Maxime Perrin // Guitare : Francky Mermillod // Batterie : Stéphane Sangline
Jusqu’au 20 février 2011
Du mardi au dimanche à 18h30, dimanche 20 février 15h et 18h30
Relâche les lundis et le 30 janvier
Tarifs : 34€, 20€, 25€, 16€, 14€, 10 €
Réservations au 01 44 95 98 21, au 0 892 701 603 et sur le site du théâtre.
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
M° Franklin D. Roosevelt ou Champs-Élysées Clemenceau
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