Charlotte Gabris – Comme ça c’est mieux – Théâtre de Dix Heures
Un père américain, une mère allemande (parfait pour «être définitivement fermée à l’art » donc). Donc pendant la guerre, elle aurait gagné quoi qu’il en soit. Ajoutons qu’elle est résidente suisse. Donc neutre… Trois bonnes raisons pour, dotée d’un pareil pédigrée (ajoutons que le père est psy…) et armée d’une aussi furieuse envie de brûler les planches, s’en donner à cœur joie et trouver les mots pour le rire…
De la Suisse, elle semble avoir conservé cette espèce de flegme si drôlement évoqué par Coluche dans un de ses sketches les plus célèbres (« Levez, baissez, levez, baissez… Bon maint’nant on va faire l’autre paupièèèèère »). Une retenue qui ne masque pourtant pas une capacité de jeu assez phénoménale. Mais nous sommes loin du battage des tsunamis scéniques Robin ou Foresti. Avec un calme qui peut précéder la tempête, la belle Charlotte, plastique parfaite et très beau minois, a tout du volcan sous la glace, ce qui accroit de manière vertigineuse l’efficacité de ses réparties.
L’ensemble, très écrit, navigue entre l’autobiographie et le pur délire, chacun alimentant l’autre sans cesse. Ainsi sont passées à la moulinette « gabrissienne » les parisiennes (forcément psychotiques et névrosées), les meubles Ikéa (si faciles à voler : pour comprendre, il faut aller voir le spectacle…), les pathologies sur internet, les hypocondriaques, les actrices de cinéma (un must absolu !), les soirées entre potes (un sketch au crescendo hallucinant) ou encore les mecs, bien sûr ! Le tout peut s’avérer bourré d’autodérision ou d’une assez féroce noirceur servies par un maniement des mots assez jubilatoire.
Certaines situations ne sont pas sans évoquer un certain Pierre Desproges (les colliers de nouilles ou les rappels) mais à l’inverse de son compatriote Gaspard Proust qui a assez honteusement plagié le génial auteur des « Chroniques de la haine ordinaire » pour en faire son propre fond de commerce, Charlotte Gabris, avec des répliques bien à elle, nous transporte dans un monde qui lui appartient. Une originalité bien nécessaire aujourd’hui où fleurissent les one man shows…
Franck Bortelle
Comme ça c’est mieux
De et avec Charlotte Gabris
A partir du 12 septembre 2013
Les jeudis, vendredis et samedis à 20h15
Relâches les 5, 6 et 7 décembre
Réservations au 01.46.06.10.17
reservations@dix-heures.net
Ou www.theatrededixheures.fr
Durée : 1h10
Théâtre de Dix Heures
36, boulevard de Clichy
75018 Paris
M° Pigalle ou Blanche
[Crédits photographiques : Cynthia Frebour]
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