Célimène et le Cardinal : « Le Misanthrope » 20 ans après, un régal satirique
Célimène et le Cardinal De Jacques Rampal Mise en scène de Pascal Faber Avec Gaëlle Billaut-Danno et Pierre Azéma Jusqu’au 27 juin 2015 Plein tarif : 31 € ou 28 € Réservation en ligne Comédie Bastille M° Richard Lenoir (ligne 5) |
Jusqu’au 27 juin 2015
La dernière scène de la célèbre pièce de Molière montre la trop coquette et trop libre Célimène, rejetée par la Cour pour n’en pas avoir respecté les usages et son amant blessé, Alceste, en passe de se retirer dans la solitude. Qu’a-t-il pu se passer vingt ans après ? Jacques Rampal l’a imaginé ! Créée en 1992, cette pièce entre tout de suite dans le vif du sujet : Alceste est devenu Cardinal et Célimène, ex-aristo, est aujourd’hui mariée à un bourgeois. Ils ne s’étaient jamais revus. Il s’annonce chez elle. Elle en est toute chamboulée… Ce qui aurait pu rester mièvre ne l’est pas une seconde car la belle n’a rien perdu de sa liberté de ton ! Aussi, quand son ancien amant brandit l’étendard de l’Église pour tenter de la soumettre à ses désirs, sort-elle ses griffes. Ah, il veut sauver “cette gourgandine des affres de l’enfer” ! Il est mal tombé, Célimène est résolument une femme en avance sur son temps ! Pas question donc d’accepter, même sous prétexte de nouveau petit pincement de cœur, une quelconque oppression, qu’elle émane du clergé, de la noblesse… ou de l’homme ! S’ensuit alors une magnifique joute oratoire entre celui qui disait tant haïr l’hypocrisie et la compromission mais a pris goût aux privilèges de son rang et n’est pas à une intrigue près et celle qui est depuis toujours entrée en résistance. Gaëlle Billaut-Danno campe à merveille cette Célimène tour à tour profonde et mutine, toujours subtile… et amoureuse. Elle a d’ailleurs été nommée, à juste titre, aux Molières 2015. Son partenaire de duel, Pierre Azéma, interprète un Cardinal bourré de certitudes contradictoires que l’on sent pourtant traversé de doutes. Tous deux portent un texte, en alexandrins certes, mais fluide et très facile d’accès. Cette diatribe contre la religion, le pouvoir, le sexisme… est mâtinée d’un humour tout en finesse et magnifie la féminité et le féminisme. Intemporel car d’une actualité brûlante, il n’aurait, j’en suis sûre, pas été renié par Molière. Un excellent moment à programmer ! Caroline Fabre [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=q0LRuVdWxns[/embedyt] |
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