Ce soir j’ovule – Théâtre des Mathurins
La stérilité de Clara trouve ses mots sur scène. Des mots durs, sensibles, tristes. Cette jeune femme étale son désire d’enfanter, et nous raconte, seule en scène, tous les obstacles et la souffrance phycologique qu’elle endure. Face au temps qui passe et à l’infertilité, cette trentenaire enchaîne les examens et les traitements. Le sexe n’en est plus, l’espoir est en fuite, la déception toujours présente face à cette obsession inassouvie.
La comédienne Catherine Marchal nous offre un jeu fin et dynamique, passant du rire aux larmes. Elle joue remarquablement avec les émotions, pénétrant le public avec ce témoignage attendrissant.
Alors que l’on pourrait s’attendre à un huis clos, cloisonnant le personnage dans sa chambre, la scénographie d’Ambre Sansonetti nous fait basculer dans différents espaces avec ingéniosité. Une petite scène modulable qui nous balance tantôt de l’appartement de Clara au cabinet du gynécologue, ou tantôt de la maison de son amie au métro. Dans un univers immaculé de blanc, rappelant la propreté et la froideur de ces lieux hospitalités, la comédienne se confond dans ces paysages de solitude et d’anonymat.
Mais malgré la talentueuse comédienne et un décor adapté, la mise en scène et l’écriture même de la pièce ne permettent pas de pénétrer le problème. On pourrait penser à un théâtre de l’anecdote, sans véritable appropriation du sujet. C’est une histoire de fille, une histoire qui n’est pas touchante parce que c’est du théâtre. Même si l’écriture de ce texte naît de la véritable expérience de Carlotta Clerici, des questions sont amorcées mais jamais prononcées. On peut légitimement attendre plus d’une telle démarche, hors les rapports à la médecine, la place de la femme dans notre société, le mythe de la maternité…. Autant de questions à se poser qui auraient certainement trouvé une place justifiées sur scène.
De plus, rares sont les instants où la mise en scène de Nadine Trintignant s’accordent avec le texte. Tout s’enchaîne, dévale à toute allure. Catherine Marchal crache les mots sans pauses, sans espace pour le spectateur.
Livia Colombani
Ce soir, j’ovule
De Carlotta Clerici
Mise en scène : Nadine Trintignant
Assistante à la mise en scène : Vincent Trintignant
Avec : Catherine Marchal
Décors : Ambre Sansonetti
Lumières : Ricardo Casas
Du 13 janvier au 3 avril 2010
Du mardi au samedi à 19h30
Réservations : 01 42 65 62 46
Théâtre des Mathurins
38, rue des Mathurins
75008 Paris
Articles liés
Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...
Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...
“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...