Carmina Burana – Zenith de Paris – Eve Ruggieri
Ce spectacle est digne d’un conte de fées. Tout a commencé lors du Festival des Nuits Musicales Sainte Victoire, créé par le chef d’orchestre Grigori Penteleïtchouk. Parti d’une volonté d’ouvrir les barrières de la musique classique au plus nombreux, le maestro d’origine ukrainienne a contacté la journaliste Eve Ruggieri afin de lui demander de venir présenter deux œuvres musicales programmées dans les « Zenith » de toute la France: Carmen Suite, une version pour orchestre de l’opéra de Bizet composé par Rodion Shchedrin et le fameux Carmina Burana de Carl Orff. C’est le succès immédiat. La dernière tournée de mars 2010 a totalisé plus de 20 000 spectateurs à Grenoble, Montpellier, Clermont-Ferrand, Dijon, Lyon, St-Etienne et Marseille. Chaque soir, c’est plus de 4000 personnes qui viennent assister à ces représentations et applaudir ces 160 artistes venant de la ville de Lviv en Ukraine.
Carmen Suite
On ne peut que saluer cet engouement du public et féliciter les organisateurs pour ce succès. Nul doute qu’Eve Ruggieri sait raconter l’histoire d’une œuvre en y déployant toute sa verve et sa ferveur sur scène sans en faire trop, sans ennuyer et en allant directement au fait. Après deux tournées, elle connaît maintenant son texte par cœur. La preuve en est qu’elle ne récite jamais et semble toujours réussir à improviser. Après dix minutes de présentation, place au premier spectacle. Aucune acoustique ici à analyser. Même si l’orchestre est au premier rang, le son est diffusé à travers des enceintes imposantes faisant résonner chaque instrument (peut-être un peu trop d’ailleurs). Autre constat en ce début de première partie présentant l’œuvre de Bizet, l’absence de décor, particulièrement minime (mur noir, quelques chaises et tables), et des costumes incolores, presque inexistants. C’est donc sur les jeux de lumières et les danseurs que se porte toute l’attention. La chorégraphie est classique de chez classique, parfois ennuyeuse mais en rien déplaisante. Carmen, Don José, Escamillo et Micaëla sont bien tous présents. Le chorégraphe Serge Naenko a rajouté un nouveau personnage : celui de la mort, Deus ex-machina qui contrôle en sa main le destin funèbre de chacun, intelligemment mis en scène.
Carmina Burana
Après cette première partie, voici enfin venu Carmina Burana. Cette œuvre, si germanique et si appréciée par Hitler lors de sa création en 1937, est bien différente des couleurs andalouses de Carmen. Ces poèmes médiévaux datant du XIIIème siècle, mis en musique par Carl Orff, gardent à chaque écoute leur puissance évangélique. La Fortune du premier poème que l’on retrouve à la fin du livret porte les traits de l’amour aveugle. On y suivra dans un ballet toujours aussi classique les histoires romantiques de jeunes fougueux et amoureux transits qui vont connaître tour à tour l’excès de la passion, les désillusions… pour revenir finalement à leur point de départ : à savoir leur innocence juvénile. La roue de la fortune qui guide leur destin est ce cercle vicieux qui rappelle que de génération en génération, notre destin suit le même chemin allant de hauts et de bas. Le décor, toujours aussi pauvre, manque à l’appel tout comme certaines idées de mises en scène. A l’inverse, les solistes impressionnent, malgré tout soutenu par l’acoustique… électrique. Gardons enfin le dernier mot pour le Ballet de l’Opéra National d’Ukraine : félicitation.
Prochain rendez-vous de ce Carmina Burana du 16 au 25 mars 2011 puis du 1er au 10 décembre 2011, avant une tournée internationale d’ores et déjà annoncée !
Edouard Brane
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