0 Shares 2703 Views

Britannicus fait triompher Dominique Blanc à la Comédie-Française

15 mai 2016
2703 Vues
1 britannicus 145

Britannicus

De Jean Racine

Mise en scène de Stéphane Braunschweig

Avec Clotilde de Bayser, Laurent Stocker, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Georgia Scalliet, Benjamin Lavernhe, Dominique Blanc

En alternance jusqu’au 23 juillet 2016

Tarifs : de 5 à 41 euros

Réservation en ligne ou par téléphone au 01 44 58 15 15

Durée : 2h

Comédie Française
Salle Richelieu
Place Colette
75001 Paris
M° Palais Royal-Musée du Louvre

www.comediefrancaise.fr

1 britannicus 145 copie
Du 7 mai au 23 juillet 2016

Après la Marquise de Merteuil des Liaisons Dangereuses au Théâtre de la Ville, c’est dans le rôle d’Agrippine que Dominique Blanc fait son entrée triomphale à la Comédie Française. Un personnage ultra-contemporain de mère abusive à l’emprise très politique sur son fils Néron, dans une mise en scène sans temps morts signée Stéphane Braunschweig. 

Quand les passions déchaînent la politique

On n’en finit pas de gloser sur ce chef-d’oeuvre de Racine, écrit en 1669, au moment où la gloire de son rival Corneille commençait à pâlir. Pièce psychologique ou politique ? Personnages tous noirs, tout blancs, ou en demi-teinte ? Force est de constater que le génie de Racine, dont c’est la deuxième grande tragédie avant Andromaque, réside bien dans cette formidable alchimie qui mêle les passions, névroses, frustrations et désirs de ses personnages avec la fièvre totalement mégalomaniaque du pouvoir. Image de la cour au 17° siècle ? Image d’une Rome peinte par Tacite ? En réalité, les alexandrins sont si bien troussés, avec ce qu’il faut d’argumentation pragmatique et de poésie, ciselée par un vocabulaire à la simplicité et la précision diabolique, qu’elle peut séduire à n’importe quelle époque. Aujourd’hui, dans une scénographie en noir et en gris, ou les portes blanches dessinent sur des voiles sombres les antichambres du désir et de l’inconscient, Stéphane Braunschweig y projette un thriller terrifiant et cynique aux allures de film américain mais sans une goutte de sang. La parole ici fait office d’armes blanches.

2 britannicus 182Somptueuse Dominique Blanc

En tailleur pantalon et chemise blanche ouverte, Agripppine a tout d’une dirigeante de multinationale, assise jambes écartées pour confier son trouble à Burrhus (formidable Hervé Pierre) et se plaindre du comportement ingrat de son fils Néron (Laurent Stocker). Alors qu’elle l’a placé sur le trône, à force de manigances et de complots rocambolesques, ne voilà-t-il pas que le jeune empereur Néron se rebelle contre sa mère en kidnappant Junie ( Georgia Scalliet), la fiancée de son frère Britannicus (Stéphane Varupenne), par pure jalousie ? Craint-il que sa mère ne fomente le retour au pouvoir de Britannicus ? Ne supporte-t-il pas que l’amour entre les deux tourtereaux lui échappe, lui à qui rien n’échappe ? Et que vient comploter ici l’ambigu Narcisse (Benjamin Lavernhe) en écoutant aux portes ? En une journée et deux heures de spectacle intense, la tragédie de Racine propulse ses personnages et l’attention du spectateur dans les tourbillons vertigineux des égoïsmes, des calculs politiques et de la passion déchirée. Dominique Blanc incarne Agrippine, le personnage central de la pièce, avec une douceur et un calme olympien. Séductrice, charnelle, presque émouvante dans son désespoir, elle n’en demeure pas moins d’une somptueuse autorité, maniant l’alexandrin comme une arme à triple tranchant. Sa simplicité, son immense talent, l’intelligence subtile de son jeu ainsi que le talent des autres comédiens rendent le spectacle captivant.

Hélène Kuttner

[ Crédit Photos : © Brigitte Enguérand- Comédie Française]

  

Articles liés

« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Spectacle
360 vues

« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet

Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
Agenda
107 vues

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14

L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....

La Scala présente “Les Parallèles”
Agenda
102 vues

La Scala présente “Les Parallèles”

Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...