Vestiges d’un passé qui ne passe pas
Berliner Mauer : Vestiges Mise en scène de Avec Julie Bertin, Lou Chauvain, Pauline Clément, Émilien Diard-Detoeuf, Pierre Duprat, Anna Fournier, Kevin Garnichat, Jade Huberlot, Lazare Herson-Macarel, Timothée Lepeltier, Élise Lhomeau, Antoine Louvard, Morgane Nairaud, Marie Sambourg, Anaïs Thomas et Rachel Colombe au violoncelle Du lundi au samedi à 20h, relâche mardi, dimanche à 15h30 Tarifs : 6 à 22 € Réservation au Durée : 2h15 Théâtre Gérard Philipe M° Basilique de Saint-Denis (ligne 13) |
Jusqu’au 14 février 2015
La chute du Mur de Berlin a été célébrée en 1989 comme un hymne à la liberté qui marqua l’Histoire. Deux jeunes comédiennes du Conservatoire National s’emparent de cette fable pour en faire un spectacle vivant et instructif : une belle réussite ! Comment raconter un traumatisme qui a duré quarante ans ? De 1961 à 1989, la capitale allemande paya sa dette de guerre en étant dépecée, coupée en deux comme une vieille pomme. Des familles entières, grands-mères et enfants ne se sont plus parlé, séparés qu’ils étaient par la frontière de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS. Le “Mur de la honte” avait pour but d’empêcher et de faire cesser toute fuite vers le monde libre, l’Ouest. Julie Bertin et Jade Huberlot ont imaginé un formidable dispositif scénique, bi-frontal, qui permet aux spectateurs de chaque côté d’assister à un spectacle différent selon qu’ils sont placés à Berlin Ouest ou à Berlin Est, séparés par un immense rideau. Une mise en scène astucieuse qui permet au public de ressentir la frustration d’être enfermé dans un espace sans visibilité, en imaginant et en entendant la rumeur des quartiers ennemis. Les fuyards qui courent à travers la ville, ceux qui ont commencé à repérer les caves de Berlin Est pour y creuser des tunnels jusqu’à Berlin Ouest, à force de patience et de ténacité, John Kennedy émouvant et parlant aux Berlinois de l’Ouest “Ich bin ein Berliner !”, Reagan et le mur de la honte, la Stasi, police secrète est-allemande torturant moralement ses citoyens par des interrogatoires musclés… le film de ces quarante années de honte et de traumatisme nous est joué ici par des comédiens survoltés, clowns, danseurs ou chanteurs, qui déploient sur le plateau et dans les escaliers une belle énergie et un talent remarquable. Le spectacle vire aussi au cabaret, où se produit Nina Hagen, sincère et électrique messagère de la paix et du rock. La sono brillante, les lumières punk, l’ambiance hystérique sont les reflets d’une époque où il fallait crier pour la liberté car les voisins, les cousins ou les amis ne partageaient pas la même chance que vous. Des films, des livres et des musiques comme Les Ailes du désir, La Vie des autres, des textes d’Heiner Müller ou de Ian Kershaw et les fameuses suites pour violoncelle de Bach interprétées en 1989 par Rostropovitch irriguent le spectacle de témoignages précieux et essentiels. Une belle aventure pour raconter avec vigueur cette histoire de nos voisins. Hélène Kuttner [Crédit photos © Victor Pascal] |
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