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“Bach 6 Solo” : un divin spectacle

Hélène Kuttner 5 septembre 2021
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© Lucie Jansch

Dans La Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, la violoniste Jennifer Koh enchaîne l’intégrale des trois paires de sonates et partitas composées entre 1713 et 1720 par le génial Jean-Sébastien Bach qui avait tout juste trente ans. Autour de la violoniste, Bob Wilson et Lucinda Childs ont dirigé de manière subtile quatre danseurs à l’écoute de cette musique qui vient du ciel. Une merveille.

© Lucie Jansch

“L’Everest des violonistes”

C’est ainsi que l’on surnomme cette série de partitions pour violon seul, qui exigent de chaque interprète non seulement une excellence de la technique, en raison de la difficulté extrême des positions de l’archet à cheval sur plusieurs cordes, mais aussi de son engagement personnel total dans le marathon hallucinant de ces variations harmoniques et rythmiques. C’est en admirant le jeu de Jennifer Koh que Robert Wilson lui a proposé le spectacle. Il fallait veiller à ne pas parasiter la musique, à ne pas surcharger la pureté du violon et la complexité harmonique de toutes les variations de ces dialogues avec Dieu.

© Lucie Jansch

Dialogue céleste

Jennifer Koh, casque de cheveux noirs de jais, robe noire toute simple, déroule la partitions des sonates et des partitas face au public, glissant au fur et à mesure autour du plateau octogonal et des huit côtés, en miroir de cette chapelle néoclassique en forme de croix grecque. En contrepoint de la présence irradiante de la violoniste, dont la musique emplit totalement l’espace, les quatre petites chapelles et les quatre nefs, quatre danseurs, en tunique immaculée et tenant une branche d’arbre toute fine, comme un archet, expérimentent l’immobilité et l’attention extrême. Leurs mouvements sont infimes, seuls leurs muscles frémissent. Soudain, en plein milieu de la Chaconne, la grande chorégraphe Lucinda Childs, parée de voiles blancs et comme venue d’un autre siècle, surgit, une corde à l’épaule, et traverse la scène. Un ange passe et l’on revoit son solo, en 1976, pour Enstein on the Beach de Philippe Glass au Festival d’Avignon. Le Festival d’Automne, aujourd’hui, poursuit ces correspondances avec un grand bonheur.

Hélène Kuttner

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