Avignon IN : Notre sélection danse
Avignon IN : Notre sélection danse Du 6 au 26 juillet 2017 Réservation par tél. au 04 90 14 14 14 |
Du 6 au 26 juillet 2017 Au Festival d’Avignon, la danse fait sa remontada, avec Israel Galvan en tête de peloton, dans un line-up impressionnant et multiculturel. D’Ambra Senatore à Lemi Ponifasio, de Radhouane El Meddeb à Serge Aimé Coulibaly, de Dimitris Papaioannou à Boyzie Cekwana et autres Dorothée Munyaneza, des chorégraphes singuliers, engagés et passionnants présentent leurs dernières créations.
Dès l’ouverture du festival (le 6 juillet), Ambra Senatore et Dorothée Munyaneza débarquent avec « Scena Madre » et « Unwanted » (chacune du 7 au 13 juillet), et le contraste ne saurait être plus grand. Dix-huit mois que la Turinoise dirige le Centre Chorégraphique National de Nantes. Son style ludique, humoristique et théâtral l’a portée jusqu’au grand plateau du Théâtre de la Ville. Avec « Scena Madre », elle continue à porter son regard espiègle sur la vie au quotidien. Son écriture chorégraphique est faite de petites séquences délicieusement drôles, souvent remises en jeu, quasiment rembobinées, superposées, remixées. Car Turin est aussi une ville qui, jusqu’à aujourd’hui, cultive la passion du cinéma. Dorothée Munyaneza Chaque chorégraphe est tributaire de son histoire personnelle. D’où le regard amusé sur les trentenaires d’aujourd’hui chez Senatore, d’où l’engagement pour la vie et contre la violence chez Dorothée Munyaneza. La Rwandaise n’a pas seulement vécu le génocide des Tutsis en 1994, elle l’a parfois échappé de justesse et perdu une partie de ses proches. Après l’avoir évoqué avec vitalité et finesse dans « Samedi détente », la chanteuse et compositrice (groupe Afro Celt Sound System, bande originale du film Hotel Rwanda » de Terry George), danseuse et chorégraphe élargit son focus. Dans « Unwanted », elle aborde le viol massif comme stratégie de guerre, au Rwanda comme ailleurs. Le titre se réfère aux enfants nés de ces viols comme à leurs mères qui doivent vivre dans le rejet de la société et la difficulté à s’accepter elles-mêmes. Elle s’entoure du musicien improvisateur Alain Mahé et du plasticien Bruce Clarke. Lemi Ponifasio Lemi Ponifasio n’est pas moins engagé pour la cause des femmes. Sa compagnie MAU Wahiné est composée de Samoanes et combine la mythologie polynésienne avec la revendication de justice sociétale. Leur nouvelle création « Standing in Time » (du 7 au 10 juillet) est une cérémonie samoane aux allures grecques, portée par la voix d’une Mapuche. Car Ponifasio a aussi créé une compagnie au Chili, MUA Mapuche. Les femmes maori forment un chœur et accomplissent un rituel de deuil, alignent des pierres ou agitent leurs balles d’arts martiaux. Du fond apparaît cet ange blanc, inspiré de l’Angelus novus de Paul Klee et se transforme en furie, dansant en mode Haka. Mais dans l’ensemble « Standing in Time » est une pièce plus apaisée que les créations précédentes de Ponifasio, toujours aussi fascinante et mystérieuse.
Du 16 au 23 juillet, la danse entre à la Cour d’honneur du Palais des Papes. Dans « La Fiesta » Israel Galván décline ce que vous devinez déjà: la fête. Et quand il pense « fête », il songe à la liberté, le plaisir à s’exprimer et l’intimité des fiestas au sein d’une communauté et d’une famille, dans leur chaleur andalouse. Et en fin de fiesta, les artistes changent de rôle. Les danseurs chantent, les musiciens dansent… Dans « La Fiesta », les musiciens viennent aussi d’autres cultures, comme souvent chez Galván, même quand il prône, comme ici, le retour aux sources. A découvrir sur Artistik Rezo : Boyzie Cekwana Boyzie Cekwana (du 17 au 23 juillet) fait partie des artistes les plus emblématiques d’Afrique du Sud et présente un théâtre de danse sulfureux, drôle, politique et sarcastique. « The Last King of Kakfontein » (attention à l’allusion scatologique!) pourrait évoquer « Ubu Roi » de Jarry, mais se réfère autant à Shakespeare et aux contes. Un tyran éperdu et ridicule, mais démocratiquement élu erre dans son palais, aveuglé par son narcissisme. Et pourquoi la population se laisse-t-elle faire, s’interroge Cekwana. Son théâtre de danse passe du grotesque au burlesque et fusionne les cultures, des dirigeants sud-africains à Donald Trump. Serge Aimé Coulibaly En danse, l’Afrique est politique, plus encore que les créations sur d’autres continents. La preuve par Serge Aimé Coulibaly qui s’inspire d’un grand geste de révolte politique, à savoir la création par feu Fela Kuti, créateur de l’afrobeat, roi de la musique world et opposant farouche au régime militaire du Nigéria de son époque. Son lieu de vie et de résistance baptisé « Kalakuta Republic » (avant d’être terrassé par l’armée) donne son titre au spectacle de Coulibaly (du 19 au 25 juillet). C’est une pièce où les citations textuelles et musicales de Fela Kuti accompagnent une danse de lutte et de combat, qui cherche aussi à rendre hommage à la vie et à la danse comme forme de révolte. Et comme chez Munyaneza, on chante également, ici à la manière d’une Nina Hagen subsaharienne. Dimitris Papaioannou Dimitris Papaioannou a médusé toute l’Europe avec son spectacle précédent, « Still Life ». Il sait mêler le corps, le geste, les matériaux et les formes avec une telle acuité que personne ne résiste à la profondeur émotionnelle son langage visuel.Tout semble sortir directement d’un rêve, à commencer par les défis gravitationnels insensés que Papaioannou lance à ses interprètes. « The Great Tamer » (du 19 au 26 juillet), sa nouvelle pièce pour dix danseurs/acteurs aux corps comme désossés, se déroule sur un sol mouvant qui ne cesse de gonfler, d’absorber les personnages, de les éjecter etc., dans des allusions à Magritte, Botticelli et autres El Greco. Comme dans « Still Life », la scénographie est à la fois porteuse et destructrice et les personnages luttent pour leur survie, autant qu’ils peuvent se laisser emporter par leurs rêves. Radhouane El Meddeb C’est l’histoire d’un retour aux racines. Radhouane El Meddeb, Tunisien devenu Français, interroge l’avenir de son pays natal. Il est retourné à Tunis pour (se) rendre compte des espoirs et des conflits qui marquent ce pays, toujours en train de se battre pour la liberté. Qu’y font les danseurs aujourd’hui? El Meddeb, habitué aux solos ou duos, laisse ici le plateau à huit danseurs, un chanteur et un pianiste travaillant en Tunisie: « Face à la mer, pour que les larmes deviennent des éclats de rire » dit l’optimisme de pouvoir transformer le pays jusqu’au bout (du 20 au 25 juillet). Un jour, le regard sur la mer sera-t-il synonyme de bien-être, au lieu de créer une sensation d’enfermement? Ayant tout récemment chorégraphié « Heroes » pour dix danseurs hip hop, El Meddeb poursuit sa recherche sur le groupe, mais renoue aussi avec son récent hommage au père défunt. Dans son œuvre, comme en Tunisie, la révolution continue de se construire. Thomas Hahn A découvrir sur Artistik Rezo : [Crédits Photo 1 : © CCNN Bastien Capela/ Photo 2 : © Bruce Clarke/ Photo 3 : © MAU/ Photo 4 : Lungile Cekwana/ Photo 5 : Doune Photo/ Photo 6 : Julian Mommert] |
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