Avignon 2018, des spectacles en tous genres
La question du genre, de la singularité, des mutations identitaires, culturelles et sexuelles irriguent le programme de ce 72° Festival d’Avignon présenté jeudi 29 mars à Paris par son directeur Olivier Py. A 52 ans, l’auteur-acteur-metteur en scène, avec son équipe, entame son deuxième mandat de 4 ans, et n’abandonne pas pour autant les idéaux pour lesquels il se bat, le contact avec la jeunesse et l’éducation artistique des jeunes spectateurs.
C’est par un spectacle jeune public que débute le festival 2018 et Olivier Py en est fier. « Au delà de la forêt et du monde » des Portugais Fragata et Barahona parle des migrants et de l’exil, thème clé de cette manifestation qui commencera le 6 juillet pour s’achever le 24 juillet. Avec près de 20% de spectateurs de moins de 30 ans, une tarification particulière de 4 spectacles à 10 euros pour les moins de 26 ans et une grande majorité d’auteurs vivants, moitié français et étrangers, le Festival d’Avignon peut se vanter d’un travail progressif et patient en direction des étudiants et des jeunes en général. C’est justement de la jeunesse, de l’exil, de la famille et de la singularité de chacun de nous dont nous parlent les spectacles- théâtre, musique, danse ou lectures- cette année plus que jamais en partant à la rencontre de l’autre. « L’alternative doit être culturelle, artistique et pédagogique » clame Olivier Py, pour contrer la violence du monde. 47 spectacles donc, donc 35 créations dont 28 produites par le Festival, financé à moitié par des subventions publiques. Le philosophe Alain Badiou revient avec Didier Galas sur l’épopée d’« Ahmed » en itinérance autour des remparts tandis que le flamboyant Thomas Joly (36 ans) s’installe dès le 6 juillet dans la Cour d’Honneur avec Thyeste de Sénèque, spectacle total avec la maîtrise de l’Opéra Comique et de l’Opéra d’Avignon. Autre jeune metteur en scène repéré, Julien Gosselin, habitué des adaptations au long cours, s’attaque à 3 romans de Don Dellillo sur la question du terrorisme quand Chloé Dabert, dont on a admiré le travail sur Lagarce au Vieux-Colombier, plonge dans Iphigénie de Racine. Transgressant les genres, Didier Ruiz, Phia Ménard et Richard Brunel se saisissent d’identités emprisonnées et libérées. Après « Les Damnés » de Visconti, le Belge Ivo Hove crée « Les choses qui passent » et le Lithuanien Korsunovas revisite un ébouriffant Tartuffe. En danse, Sasha Waltz avec « Kreatur », Emanuel Gat « Story Water » et Rocio Molina « Grito Pelao » questionnent les contraintes du corps codé. Et d’Iran, du Liban et d’Egypte, A.R Koohestani, Ali Chahrour et Ahmed El Attar vont nous surprendre. Olivier Py, lui, présente dans un nouveau lieu « La scierie » « Pur présent », une création autour de 3 tragédies contemporaines. Programme complet sur le site du Festival.
Hélène Kuttner
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